mardi 21 mai 2019

À quoi sert l’Union européenne ?


S’il y a bien une notion que je trouve difficilement compréhensible de la part de la gauche radicale française, c’est bien l’adhésion et l’attachement à l’Union européenne. Évidemment, le concept « d’Europe » comporte une part de réalité objective, en termes de lien de civilisation, d’Histoire et de proximités politiques, mais « l’unité politique de l’Europe » ne me semble pas être un projet à ce point clair qu’il devrait aller de soi. En tout cas, pas au point de soutenir la construction de cette entité supranationale et intrinsèquement néolibérale qu’est l’Union européenne (UE) !

Pourtant, le « rêve européen » n’est pas seulement une lubie d’extrême droite (l’Europe « blanche »!) ou du Vatican (le « pays » du Christianisme), comme on pourrait être tenté de le croire[1], puisqu’elle se retrouve dans tout le spectre des positionnements idéologiques, notamment à gauche. Notons au passage que la notion politique « d’Europe » est particulièrement floue, ce qui explique avec quelle facilité elle capte l’adhésion. Celle-ci laisse donc à tout un chacun la chance de développer sa propre thèse sur ce que devrait être « l’Europe », même si elle s’accompagne généralement d’une adhésion plus ou moins profonde à l’entité politique concrète qu’est l'UE. Je précise la différence, car, contrairement aux thèses des uns et des autres, l’Union européenne, elle, reste un projet politique et économique bien précis, qui ne devrait pas avoir à se confondre avec des rêveries idéalistes pour être jugé. Surtout que son bilan commence à se faire sentir sérieusement.

Pourtant, entre l’Europe des travailleurs de la gauche radicale et l’Europe des nations de la droite nationaliste, il existe une entité politique concrète. Une entité politique néolibérale qui se fiche éperdument des pays comme des peuples qui les composent et qui impose une gestion de la société qui ne devrait pas faire consensus, surtout à gauche! Cependant, bien des gens de cette famille politique semblent encore s’illusionner sur la nature de l’entité qu’ils défendent et vont parfois même jusqu’à vouer aux gémonies ceux qui appellent à en sortir.

Je sais que l'étiquette « souverainiste » a mauvaise presse en France, puisque considérée comme un nationalisme non assumé, cependant la remise en question de l’UE ne devrait pas avoir à se confondre avec un positionnement nationaliste. Parce que, soyons franc, en quoi la défense de l’UE est-elle moins une forme de nationalisme que la recherche de la souveraineté des nations qui la compose ? Autant sur la base du « sans-frontiérisme » que de l’internationalisme bien comprit, il est absurde d’opposer une entité multinationale à un État classique. Il y a bien une frontière entre l’EU et les autres pays et tous ceux qui militent pour la constitution des « États-Unis d’Europe » travaillent bien pour la constitution d’un nouvel État! Alors, il est ridicule de considérer la sortie de l’UE comme une forme déguisée de nationalisme, alors que le projet de l’UE est carrément un nationalisme de type impérial !

Cela frappe aux yeux à quel point cette évidence n’est pas mise en avant par la gauche internationaliste. Pourtant, entre la défense de l’État-nation et celle de l’Union européenne, il n’y a qu’une simple différence d’échelle. Pourtant, la gauche pro-UE se prive rarement du plaisir de qualifier ses adversaires de dérive « nationaliste », alors que l’accusation pourrait tout aussi bien leur être renvoyée telle quelle ! « L’Europe unie » sous leadership allemand n’était-elle pas l’un des projets phares de l’Allemagne nazie ?! « J'exagère ? Peut-être, mais l'Empire européen est encore le maitre mot de l’extrême droite racialiste allemande, et française, alors il ne va absolument pas de soi que l’UE (actuelle ou fantasmée), défendue par la gauche, soit l’antithèse absolue au nationalisme et au repli identitaire…      

Ce qui est le plus affligeant, dans ce vœu pieux de construire une Europe fédérale, est que l’Union européenne n’est, en définitive, même pas un État en devenir. En réalité, l’UE a plus à voir avec un traité de libre-échange qu’avec un État, même si elle est beaucoup plus complexe juridiquement. Je m’explique.

Les États-nations classiques sont normalement la juxtaposition d’un peuple, d’une langue et d’un territoire organisé par une entité juridique appelée « État ». Le cœur de l'État n’est pas toujours un peuple au sens ethnique du terme, mais une nation viable comporte toujours des notions plus ou moins évidentes d’identité collective. Qu’elle soit civique ou ethnique, l’identification au territoire, à l’histoire ainsi que la langue sont les éléments centraux sur lesquels les institutions doivent se greffer pour être viables dans le temps. C’est à cause de ce sentiment d’appartenance que (par exemple) les minorités acceptent le résultat des urnes face à la majorité, que les régions riches acceptent les transferts économiques vers les régions pauvres et que les mouvements de population à l’intérieur du pays se font sans trop de perturbation. En somme, la stabilité de l’État-nation doit impérativement passer par le consentement, la communication et la solidarité.

Pour ce qui est de l’Union européenne, c’est tout l’inverse, car il n’y a ni peuple (au singulier), ni langue, ni solidarité. Il n’y a pas même de tradition politique, économique et diplomatique qui puissent, un tant soit peu, compenser ces manques. Et comme si ce n’était pas suffisant, il n’y a même pas de convergence économique entre les divers États membres. En réalité, la seule convergence qui marche à peu près est le territoire. Et encore, pas complètement, puisque la Suisse et les Balkans n’en font pas partie.

En réalité, l’Union européenne est la continuité du traité de Rome, qui avait pour vocation de créer un « marché européen » et d’organiser l’interdépendance économique des pays d’Europe de l’Ouest par des politiques économiques communes (comme celle sur l’agriculture). S’est ensuite ajouté à cela le fameux traité de Maastricht, qui se trouve à être la base juridique de l’actuelle UE[2]. Cette base juridique n’est toutefois pas à confondre avec une constitution d’État, car, si elle crée bel et bien une entité politique qui organise tout un pan de la souveraineté des États membres, ceux-ci n’en restent pas moins souverains. De là, la difficulté de changer les orientations politiques de l’UE, puisque l’orientation politique doit se faire de manière collégiale et consensuelle (en somme, tout le monde doit être d’accord), au même titre que toutes organisations internationales. Autrement dit, les États délèguent volontairement une partie de leur souveraineté à l’UE, mais ne sont pas totalement contraints à obéir comme le serait une région administrative d’un État-nation.

En fait, le seul pouvoir que possède réellement l’UE est monétaire, puisqu’il n’existe pas de force armée européenne ou toute autre forme de pouvoir répressif. Si un pays ne respecte pas les directives, seules des sanctions économiques pourront être mises en place. Celles-ci peuvent évidemment s’avérer redoutables (voir le cas grec), mais jamais au point de mettre un pays sous tutelle complète[3] comme l’a été la Catalogne, après le référendum sur son indépendance.  

Comme on s’en rend bien compte, l’Union européenne ne peut même pas espérer devenir un pays à plus ou moins longue échéance, puisque la forme juridique qu’elle a prise au départ ne le permet tout simplement pas. Comme je le soulignais précédemment, le fondement même d’un pays viable est d’être une entité politique et territoriale définissant une politique sociale et économique sous la contrainte de son histoire et de son peuple. En somme, l’essence d’un État ne peut être idéologique, parce qu’il se caractérise justement par le pouvoir de définir et surtout choisir son caractère idéologique. Sans cela, l’institution ne survivra que le temps de vie du consentement. Et c’est bien ce qui se passe en ce moment, puisque l’Union européenne, qui est à l’inverse une politique économique et sociale qui tente de s’imposer à des pays que tout (ou presque) oppose, ne peut que s’effondrer à plus ou moins brève échéance, au fur et à mesure que « l’euroscepticisme » croit dans la zone.  

Si l’on souhaitait vraiment que l’UE devienne un pays viable de forme fédéral, confédéral ou autre, il faudrait donc faire table rase de tout ce qui fait sa substance idéologique et établir une politique sur la base de résultats d’élections minimalement démocratiques[4]. Mais cela, les dirigeants européens ne le souhaitent absolument pas, puisque l’objectif central de cette organisation est de maintenir l’ordre « ordolibéral » imposé par l’Allemagne.

Mais plus encore, pour construire une entité étatique fédérale comparable aux États-Unis (les fameux « États-Unis d’Europe »), il faudrait passer par les mêmes stades d’uniformisations qu’ils ont eu même traversés, ce qu’aucun peuple d’Europe n’acceptera jamais. Bien des légendes ont cours au sujet du « miracle américain », notamment sur la constitution de leur unité, mais celle-ci ne s’est absolument pas fait par le doux commerce et la collégialité, mais par la plus pure violence politique qui soit : la guerre civile ! C’est parce que le Nord a écrasé militairement le Sud et lui a imposé son modèle, que les États-Unis ont été en mesure de se constituer en nation viable.

Certains européistes ont tendance à l’oublier, mais les « États-Unis d’Europe » nécessiteraient un véritable carnage culturel pour s’établir dans la durée. D’autant plus que, contrairement aux É-U d’avant la guerre de Sécession (qui était une très jeune nation), les États d’Europe ont des traditions politiques et culturelles très anciennes qui ne s’abandonneront pas au voisin sans un combat acharné de la part de leurs populations. En réalité, les « États-Unis d’Europe » auraient besoin, pour se constituer, d’un type d’impérialisme particulièrement violent et centralisateur, ce qui va pour le moins à l’encontre du slogan « l’Europe c’est la paix » !

À bien y penser, tous les problèmes de fonctionnement de l’Union européenne découlent à peu près tous du fait que l’Europe n’est pas un pays, mais un simple espace géographique. Que ce soit la monnaie, le budget, la diplomatie, la démocratie, l’immigration, les protections sociales, etc. tous ces problèmes sont liés au fait que les pays d’Europe ne font pas corps et, de ce fait, ne sont aucunement capables de créer une quelconque solidarité[5]. La seule chose qui tient le machin en place, hormis la propagande, c’est la soumission des dirigeants des pays membres et la peur d’en sortir. Cette peur joue un très grand rôle, car l’économie dysfonctionnelle de la zone euro, le vieillissement de sa population, l’interdépendance économique et la duplicité du personnel politique et médiatique font que rares sont ceux qui osent parler d’une sortie de l’UE, d’autant plus que celle-ci est généralement qualifiée de « repli nationaliste » !  

Pourtant, la souveraineté nationale n’est pas un concept conservateur et identitaire, mais, à l’inverse, un élément clé de la cohésion sociale et de l’inclusion, puisque l’identification à un projet politique est la meilleure façon de lutter contre la xénophobie et le repli identitaire que la dépolitisation engendre. C’est parce qu’il n’y a plus de projet politique d’envergure que les populations se replient sur l’identité et la religion et non pas l’inverse. Le retour de la souveraineté n’est peut-être pas la solution à tous les maux que vivent les divers peuples européens, mais elle est à coup sûr la première étape à leur redressement !

Finalement, à quoi sert l’Union européenne ? Surement pas à donner de l’espoir aux gens, puisqu’elle est maintenant synonyme d’austérité, de privatisations économiques et d’inégalité sociale. Seule la peur de l’inconnu et l’illusion d’une Europe politique impossible maintiennent encore l’adhésion du plus grand nombre. L’UE aura toujours pour seule fonction que d’imposer et de maintenir des politiques « ordolibérales », afin d’organiser la société selon le souhait des riches et des puissants au détriment des masses. Tout le reste n’est que parures esthétiques à l’endroit des quelques nationalistes européens qui rêvent encore d’une grande nation impériale.

L’idée selon laquelle les peuples d’Europe pourraient un jour converger vers une entité politique n’est pourtant pas totalement fictive et pourrait même s’avérer souhaitable. Cependant, celle-ci devra nécessairement passer par un retournement du centre de gravité décisionnelle. C’est-à-dire de la volonté des peuples vers le haut sous la forme d’une véritable confédération d’États libres. Mais pour cela, l’actuelle Union européenne doit impérativement être sabordée, puisqu’elle a été construite contre les peuples d’Europe.

Benedikt Arden, mai 2019


[1] L’ethnie et la religion sont de prime abord les points communs qu’ont les pays européens.
[2] Aujourd’hui complétée par le traité de Lisbonne.
[3] La mise sous tutelle est possible, mais avec l’accord au moins tacite des dirigeants politiques du pays (voir le cas italien).
[4] Et encore, une telle diversité de peuple rend à peu près impossible la création de tout consensus.
[5] Notons au passage que le maitre mot de l’UE est la concurrence et non la solidarité.

jeudi 9 mai 2019

Élections européennes 2019 : Quel bilan pour le mouvement des « Gilets jaunes » ?


Les élections européennes arrivent à grands pas et déjà les prédictions indiquent que ce que l’établissement appelle aujourd’hui « les populismes » risquent fort bien de faire des avancées notables un peu partout dans les pays d’Europe. Il faut aussi dire que le mode de scrutin proportionnel à un seul tour (celui qui a cours dans ces élections) est à l’avantage[1] de ce genre de formation politique et que le bilan général de l’Union européenne et des partis qui la soutiennent sont très mauvais.

Pour ce qui est du cas français, les prédictions laissent entendre que l’ex-FN, le « Rassemblement national » (RN), pourrait bien dépasser la liste électorale du parti présidentielle (LREM). Serait-ce l’effet du mouvement des « gilets jaunes » qui en serait la cause ? Malgré ce qu’en disent les macronistes, il semblerait que non, et ceci pour plusieurs raisons. D’abord parce que le plébiscite pour le RN est depuis des années dans une pente montante[2] assez stable. Ensuite parce que le RN a été assez discret sur son soutien au mouvement et ne s’est fait l’écho de ses revendications qu’à la marge.

Rappelons que la stratégie électorale du RN se concentre désormais surtout sur  l’électorat de droite classique. Notamment l’aile droite du parti « Les Républicains » (LR). Depuis le départ de Florian Filippo et du congrès de 2018, le RN a plutôt délaissé les thématiques sociales et souverainistes, qui le caractérisaient depuis quelques années, au profit d’un positionnement nationaliste conservateur et libéral (dédiabolisation oblige !).

En réalité, le coude à coude entre la LREM et le RN s’explique essentiellement par la stratégie opportuniste que le parti présidentiel utilise et par la mobilisation de son électorat. Notons que la stratégie de Macron est à peu près la même que celle du RN sur un point. Soit celui de forcer la division de l’offre politique en deux blocs qui ne correspond plus tout à fait au classique « gauche contre droite ».

Pour les macronistes, il s’agit surtout de faire mousser l’opposition entre les « progressistes[3] » & les « populistes »[4] et d’organiser médiatiquement la promotion du RN, afin de les laisser s’accaparer une partie de l’électorat de droite. De cette façon, les stratèges de la LREM espèrent sans doute affaiblir la droite (LR), encore relativement haut dans les sondages (+/- 15%), et ainsi capitaliser un maximum sur la peur du RN[5]. Parce que, ne l’oublions pas, le duel LREM vs RN est le souhait le plus cher de Macron, car le fait d’avoir un RN fort lui évite d’avoir à faire campagne sur son bilan plus que trouble, étant donné que la peur de l’extrême droite à elle seule suffit à mobiliser une bonne partie de l’électorat qui lui est normalement hostile (pensons au 2e tour de l’élection présidentielle !).

Le second point à souligner est la mobilisation de l’électorat macroniste. Si le mouvement des « gilets jaunes » a rendu espoir à beaucoup de gens de la gauche radicale, c’est qu’il a démonté que le peuple n’est pas aussi apathique que certains pouvaient le croire. Ce que les « gilets jaunes » ont démonté, par leur résistance acharnée et par le contenu positif de leurs revendications[6], est qu’il existe encore une grande force d’opposition sociale dans cette portion du peuple, non partisan et politiquement inexploité.

Mais justement, l’autonomie du mouvement, celle qui explique la grande unité qui règne parmi ses rangs, est aussi sa faiblesse sur le plan électoral, puisqu’aucun parti d’opposition ne représente vraiment le mouvement. Ce qui fait que les forces d’oppositions à Macron sont, d’un point de vue partisan, plus divisé que jamais! À contrario, l’électorat macronien reste plus que jamais uni derrière le président. Ceci, justement, en raison du mouvement de « gilets jaunes » et malgré la violence politique et les affaires qu’il l’accable ! C’est un paradoxe probablement dur à digérer pour l’opposition, mais, eu égard à la force du mouvement, il doit être analysé comme tel.  

Notons, en dernier lieu, que l’abstention risque d’être encore une fois très élevée (certains évoquent une abstention dépassant les 60%) et que celle-ci touchera surtout l’électorat de gauche, ce qui n’aidera pas la campagne de la France insoumise (FI) et détruira probablement pour de bon ce qui reste du parti socialiste.

En résumé, nous avons présentement un climat social explosif et normalement très favorable à la gauche radicale en France, mais c’est ironiquement l’extrême droite et le parti gouvernemental qui semblent en tirer profit. Évidemment, le résultat estimé du 26 mai prochain ne doit pas être exagérément dramatisé, puisque le parlement européen est loin d’avoir de grands pouvoirs. Cependant, le coût le plus dur risque de se faire ressentir au niveau du moral des forces sociales, puisque toutes les conditions sont normalement réunies pour la porter au pouvoir.

De plus, la nouvelle division politique, voulue par le pouvoir macroniste, entre ces soi-disant « progressistes » et « populistes » enterre les positions socialistes et déplace le positionnement de la gauche radicale dans une catégorie commune avec l’extrême droite. Voir, pire encore, en les reléguant en soutien de marge à sa politique européiste et néolibérale. 

Ce saccage idéologique doit donc impérativement être stoppé. Mais, pour ce faire, il n’y a pas de formule magique, si ce n’est de continuer le travail de constitution d’un mouvement politique de grande ampleur en symbiose avec celui qui a présentement cours. Mais comme le mouvement est fort du fait d’être justement apartisan et que la création d’un parti de « gilets jaunes » est actuellement une bien mauvaise idée, c’est encore dans la persistance des mobilisations de rue que réside leur meilleure option à court terme. Et ceci, malgré les violences du pouvoir.

Pour ce qui est de la gauche radicale, la FI en l’occurrence, un travail de terrain redoublé et une mobilisation maximale de son électorat semblent être la seule option gagnante à court terme, même si certains travers me semblent encore à corriger. Notamment en ce qui concerne la question de l’adhésion ou non à cette Union européenne, qui n’est en définitive qu’un traité de libre-échange XXL qui se prend pour un État. Je sais que l’idée est surtout d’aller chercher l’électorat socialiste de « gauche », qui s’illusionne encore sur l’UE. Mais cela rebute également d’autres gens, plus lucides sur la question, qui s’égareront dans les petits partis, voir dans l’abstention.

La seule voie qui me parait viable à moyen long terme, est de constituer un mouvement de masse large et uni par un programme à la fois minimal (afin d’éviter une trop grande division) et socialement radical. Le programme présidentiel de la FI était à peu près dans cette veine, mais ce sont les vieux réflexes « antifascistes » de certains de ses membres qui posent problème. Notamment le rejet de personnalité populaire parmi les « gilets jaunes », comme Étienne Chouard, ou sur de potentiels appels à faire « barrage » au RN (donc, appeler à voter Macron). Rappelons que la meilleure façon de décrédibiliser le RN reste encore de le laisser gouverner[7] !

De toute façon et au vu de la politique quasi fasciste de Macron/Philippe/Castaner, il serait tout à l’honneur de la gauche radicale de refuser de choisir entre la peste et le choléra ! 

Benedikt Arden, mai 2019


[1] Notamment, parce qu’il favorise le vote de conviction et rend difficile le vote utile contre le parti qui est le plus redouté. 
[2] J’en ai expliqué les rouages dans mon article publié avant l’élection de Macron.
[3] Les néolibéraux de LREM se considèrent ici comme « progressistes », puisqu’ils voient les services publics, les syndicats, la redistribution des richesses, etc. comme des « conservatismes ».
[4] Pour ce qui est du RN, la division de la politique entre « mondialistes » contre « patriotes/nationaux » est connue depuis longtemps.
[5] Peur de moins en moins efficace, il faut le dire, et qui pourrait bien finir par le mettre au pouvoir!
[6] Ce qui n’est pas le cas de la caricature de gilets jaunes que nous avons au Québec…
[7] Évidemment, je ne propose pas à ce que la FI soutienne le RN, mais bien de ne pas soutenir directement ou indirectement le parti présidentiel.