Ça fera bientôt plus de neuf semaines que le mouvement des « gilets
jaunes » manifeste contre le gouvernement français. Contrairement à ce
qui avait été prévu par le pouvoir et ses éditocrates, le mouvement maintient
le cap dans ses objectifs. Et ceci, malgré les fêtes de fin d'année et les miettes que Macron leur a concédées il y
a quelques semaines.
Non, rien n'y fait ! Le mouvement
le plus large que la France ait connu depuis l'après-guerre réclame plus. Il
réclame d'avoir droit de regard sur les affaires publiques... celles-là mêmes
qui le concernent directement et dont le pouvoir cherche désespérément la
totale mainmise ...
Le mouvement des « gilets jaunes
» ne réclame pas seulement des mesures justice sociales. Ça, c’était hier.
Aujourd’hui, le point de non-retour a été franchi et le mouvement ne revendique
rien de moins que le pouvoir ! Ce qu'il réclame, c'est la DÉMOCRATIE ! La
vraie !
À ce souhait, le pouvoir répond
par la répression policière et par
le cynisme. Calomniant et infantilisant des gens autrefois modérés &
raisonnables, mais que la situation politique a elle-même radicalisés. Ces
élites soi-disant éclairées se targuant de la légitimité démocratique et jouent
le sketch de la lutte au « populisme ». Mais réalisent-ils que leur «
légitimité » électorale n'a été gagnée que sur le rejet massif du Front
national? Combien des 66%, qu'a obtenus Macron lors de la dernière
présidentielle, ont réellement plébiscité sa ligne politique (le néolibéralisme
thatchérien)? Réalise-t-il qu'une bonne partie de ses électeur(e)s d’hier
manifestent maintenant contre lui ?
Le rejet de ce système sans
espoir est la cause évidente de l'effondrement des grands partis de
gouvernement (PS/LR) et LREM en a naturellement tiré profit. Cependant, depuis
le début de son mandat, Macron, loin de changer les choses, a surtout
radicalisé la politique qui était rejetée au départ et concentre maintenant
toutes les haines contre lui. Le mouvement des « gilets jaunes » est le
résultat de cette étrange convergence des luttes contre cette élite cynique et
arrogante.
Le mouvement est divers et confus
sur bien des aspects, mais c'est parce qu'il va au-delà des querelles
institutionnelles entre la gauche et la droite. Son défaut (le flou doctrinal)
on le connait bien, mais sa force est justement dans le nombre qui cumule les
doctrines et les volontés. Le mouvement des « gilets jaunes » est beaucoup plus
fort que tous les autres mouvements qui les ont précédés depuis 1945. Mais de
cette force, est-il possible de faire émerger une ligne politique cohérente?
Évidemment, celle-ci existe déjà et est la plus simple de toutes : la démocratie
! Celle qui met (presque) tout le monde d’accord, qui est au centre des
institutions, mais qui, dans les faits, n’existe plus depuis des décennies.
Cette démocratie sacrifiée au nom de l’Union européenne, autre nom du
néolibéralisme, et maintenant appelé « populisme » par des « démocrates »
autoproclamés. « Démocrates » qui vouent un culte à l'autocratie capitaliste et
qui veulent garder tous les pouvoirs !
Pourtant (rappelons-le), ces «
démocrates » n’avaient pas de mots assez durs pour condamner les États
concurrents de leur impérialisme (Venezuela, Cuba, Syrie, Libye, etc.), en les
accusant de réprimer l'opposition et de brimer leur population. Ce qui les
emmenait à souhaiter la guerre ... humanitaire ! Maintenant chez eux, c’est
l’armée, la police et la répression qui devient le maître mot de leur «
démocratie », celles-là mêmes qui rendaient coupables des États qui pourtant
subissaient de véritables insurrections armées. Ce qui n’est heureusement pas
encore le cas chez eux, mais dont tout est fait pour en accroître le risque.
L’hypocrisie et le cynisme sont
le sous-entendu de ce régime qui craint le peuple et son courroux. Demain, un monde
nouveau devra naître. Que ce monde s’éveille dans la bonne entente ou dans la
violence, n’est pas du ressort du peuple en lutte, mais bien des élites qui ont
confisqué ce droit !
Il est
donc de leur responsabilité de rendre au peuple ce qui lui revient, car
n'oublions pas : « Quand le gouvernement
viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple et pour chaque
portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des
devoirs. » - Article 35, Déclaration
des droits de l'homme et du citoyen de 1793.
Benedikt Arden (Janvier 2019)