Je sais que je n’ai pas le droit de vote à l’élection présidentielle française de ce dimanche et que cela ne devrait pas me concerner plus que ça, mais comme le sort du monde en général me concerne et que je me fiche bien du score du Canadien, voici quelques mots concernant cet événement.
Comme vous le savez peut-être, je soutiens moralement Jean-Luc Mélenchon (JLM) … Enfin, plutôt son mouvement, La France Insoumise. Depuis quelques années déjà, je milite pour qu’émerge à gauche une alternative à cette déferlante néolibérale. Depuis plus de 30 ans, la gauche va d’échecs en trahisons, car son adhésion idéologique au libéralisme économique lui fait accepter la construction d’un monde dans lequel il n’est plus possible d’avoir aucun contrôle sur les puissances du capital. La contrepartie de cette acceptation servile est de se vautrer dans un moralisme aussi hypocrite qu’abject, afin de compenser par des « valeurs » l’abandon de tous projets réellement politiques. Tout ce qui n’est pas du ressort de la politique devient donc le fer-de-lance de cette gauche, qui a tout de la démocratie chrétienne du siècle dernier (la charité plutôt que le partage des richesses) et rien de celle qui a suscité tant d’espoir aux précédentes générations. Cet esprit moralisateur exacerbé a même fini par lui aliéner le monde réel et maintenant traite les questions qui fâchent (immigration, police, frontières, géopolitique, guerre, etc.) de manière passive (autrement dit, à la manière des néolibéraux). Ou pire, en se refusant carrément de se les poser. Le manque d’alternative progressiste à ce monde néolibéral (le nouvel ordre mondial, diront certains), a pavé une véritable autoroute à l’extrême droite qui n’a plus qu’à simuler un minimum de social pour paraitre comme la seule alternative à ce peuple qui souffrent et qui ressent l’abandon.
Comme je l’ai déjà mentionné, je milite pour une alternative socialiste à ce monde. Pas cette « gôche » qui traite de nom d’oiseaux tous ceux qui auraient de mauvaises pensées, mais celle qui souhaite régler les problèmes en regardant le réel tel qu’il est, c’est-à-dire avec les gens tels qu’ils sont et avec les moyens que nous avons à notre disposition. En somme, un mouvement de large rassemblement qui tiendra en compte les rapports de force intérieurs et internationaux, tout en conservant un objectif de changement radical des voies de l’économie. Ce projet doit d’abord et avant tout être axé sur une évolution aussi rapide que possible des rapports de production en faveur des producteurs de la richesse, mais devra également s’appuyer sur une démocratisation maximale de la politique ET de l’économie. Cet objectif allant en contradiction avec le néolibéralisme et le libre-échange (dû moins tel qu’il est présentement pratiqué), ces objectifs doivent être précédés d’une lutte intransigeante pour la souveraineté des États et la fin de toutes les activités bellicistes des grandes puissances. Le droit international quoi !
Tout cela se retrouve enfin dans un mouvement qui a le vent dans les voiles, soit la France Insoumise. Il est vrai que leur projet n’est pas très radical dans sa forme, mais offre la possibilité de créer une nouvelle base sur laquelle s’appuyer, soit une relance keynésienne axée sur la haute technologie et l’éducation afin d’atteindre des objectifs à la fois écologiques et sociaux. Le tout chapeauté par un projet de constituante fondamental si l’on ne veut plus continuer à suivre le vicieux système qui mène sournoisement vers une dictature qui ne dit pas son nom. Une dictature effectuée par les acteurs privés de l'économie et formalisée en droit via les accords de libres-échanges.
Évidemment, je sais que tout n’est pas parfait et que JLM est tout sauf claire sur sa volonté de sortie de l’UE, mais c’est d’abord la 5e république et ses institutions qui sont à blâmer. Car c’est cette monarchie présidentielle qui comporte les institutions capables de museler le peuple, lui imposer des traités ainsi que des médias de vile propagande. Le large rassemblement qu’effectue la France Insoumise requiert l’adhésion de gens qui ne sont pas tous aussi avancés dans la conscience des raisons qui ont provoqué leurs marasmes. Le nationalisme paneuropéen (qui ne va pas sans rappeler le nationalisme pancanadien) est un problème qui doit être traité de front et nécessite une éducation populaire de grande ampleur, c’est pourquoi la montée de l’UPR me semble aussi être une excellente chose. Mais il va de soi que dans une élection comme celle-ci, un projet de relance keynésien ne peut se limiter qu'aux seuls partisans actuels de la sortie de l’EU pour obtenir sa majorité. De toute façon, et comme le dit si bien François Asselineau, l’Euro n’est pas viable et va s’effondrer très probablement dans ce même prochain mandat. C’est pourquoi le jour arrive où les chimères européistes devront laisser place à la réalité du monde. Les partisans gauchistes de l’EU, devront apprendre que cette union n’est qu’un traité de libre-échange habillé d’utopie irréalisable au regard des droits humains bien compris.
Pour toutes ces raisons, je crois que le mouvement de masse qu’est la France Insoumise (beaucoup plus que la simple personne de JLM) est suffisamment convaincu, jeune et impliqué pour savoir choisir sagement la meilleure voie entre une chimère pan nationaliste (voir impérial) et un avenir moins sombre.
Enfin, et cela est très important, si Mélenchon devait être élu et si celui-ci (et/ou son entourage) devait (le) trahir, et ceci après l’expérience grecque, les conséquences pour le monde occidental seraient dramatiques et probablement irréversibles …
Tenez-le pour dit !
À bon entendeur, salut,
Benedikt Arden (22 avril 2017)