lundi 14 novembre 2016

Le peuple américain se serait-il fait « Trumper »?

C’est décidément comme une traînée de poudre que nous avons assisté à l’ascension du candidat Trump jusqu’à la présidence des États-Unis (ÉU). C’est pourtant contre l’avis du parti républicain et de son établissement que le sulfureux millionnaire s’est cru autorisé de se payer (à ses frais) cette étonnante croisade jusqu’à la Maison Blanche. Il voulait, disait-il, « rendre l’Amérique grande une nouvelle fois » (enfin, les ÉU surtout) ! Mais aujourd’hui c’est d’abord lui qui peut se permettre de se trouver grand, car ce n’est pas d’endosser le personnage et son projet politique que de souligner cette surprenante réussite. Ils sont bien rares les gens qui peuvent aujourd’hui se vanter d’avoir prévu l’aboutissement du personnage, et je dois avouer que moi-même je n’y ai pas cru. Enfin, même si plusieurs éléments fondamentaux m’ont fait comprendre depuis longtemps que le populisme de droite était en forte poussée depuis un bon moment, j’avoue humblement avoir sous-estimé la défiance du petit peuple de l’Amérique profonde, mais j’ai surtout surestimé la puissance médiatique américaine. J’avoue bien volontiers que je croyais le peuple américain plus crédule et grégaire face à leurs médias, éditorialistes et vedettes bien aimées. Mais comme vous le savez maintenant, il n’en a rien été et il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire de faire le bilan de cette campagne, qu’il faut bien qualifier « d’historique », et d’en tirer les leçons pour le futur.

Le bilan à faire est tout d’abord celui de ceux qui ont cru en la candidate Clinton. L’argument qui présentait cette dernière comme une « femme politique d’expérience », et qui, de ce fait, devait faire mieux qu’un autre moins expérimenté, ne semble pas avoir pesé bien lourd face à son noir profil d’apparatchik enlacé à la finance. Les réformettes promises aux plus pauvres n’ont d’ailleurs pas porté fruit et une bonne partie de son électorat jeune et « racisé » (présumé et un peu pris pour acquis) n’ont probablement pas cru bon de la croire sur parole. Elle qui s’était bien gardée de proposer quelques réformes sociales d’importances que ce soit lorsqu’elle était secrétaire d’État, sénatrice de l’État de New York ou première dame des ÉU. Il est sûr que cette surenchère sociale était de mise après l’inspirant succès de Bernie Sanders aux primaires démocrates et de son élection volée, mais les promesses électorales n’engagent que ceux qui les croient et ce ne sont pas les expériences d’Obama, de Syriza ou celle du parti socialiste français qui nous prouveront le contraire, loin de là. Enfin, il y aurait fort à dire sur la candidate Clinton, mais disons pour faire simple que son amour pour la « guerre humanitaire », la dérégulation économique[1], les intérêts de Wall Street, son double jeu hypocrite et son irrespect de la personne humaine (« We came, we saw, he died » en parlant du meurtre de Kadhafi) auront sûrement refroidi bien électeurs & électrices sincèrement progressistes. C’est d’ailleurs ce refroidissement qui est à la base de sa défaite et non pas tellement une vague purement conservatrice[2].

Pour en revenir à Trump et à son électorat, il est à préciser à gros traits que, malgré le coup d’éclat (aussi surprenant soit-il) que fît le petit peuple blanc des ÉU, il s’est tout de même fait rouler lui aussi. Car le personnage, à l’instar de ses télé-réalités, est d’abord et avant tout un acteur et son projet de société est tout sauf cohérent. Le programme de Donald Trump, relativement comparable à celui du Front national (FN) des années 80-90, est un mélange de mesures libérales classiques et de protectionnisme. Sans grande vision théorique, le programme économique qu’il défend est à la fois archaïque et bien modeste. Là où son programme puise sa force est dans le simple fait de ne pas être néolibéral, mais simplement libéral sur une échelle nationale. Ses recettes ne sont pas fondamentalement différentes de celles des néolibéraux, mais se placent sur une échelle moindre. Ce qui pourra éventuellement faire revenir quelques emplois dans le secteur primaire et secondaire dans les États les plus pauvres. Et cela, dans bien des cas, au détriment de l’environnement et d’une modernisation sociale et économique qui se fait impatiemment attendre. Cependant le fait de remettre en cause le libre-échange (la déréglementation des échanges en langage commun) et de dénoncer la déloyauté des acteurs économiques américains envers le pays qui les a faits richissimes est un discours séduisant pour l’électorat populaire. Même si Trump est aussi l’un de ceux qui ont bénéficié de cette nouvelle « liberté ». Sous cet angle, on se rend vite compte que ce qui rend le programme de Trump sympathique aux pauvres, n’est pas tant qu’il soit « révolutionnaire », mais bien qu’il soit le seul programme alternatif à celui du néolibéralisme. Le phénomène est équivalent en France avec le FN[3] et les résultats sont bien là pour le montrer, et malheureusement, ce ne seront pas des « valeurs de gauche » affirmées péremptoirement qui vont séduire l’électorat populaire, mais bien des projets politiques alternatifs concrets!

Mais bien sûr, je sais que l’on me reprochera de ne pas tenir suffisamment compte de l’aspect « identitaire » de cette élection, comme l’a fait la presque totalité des médias. Il est vrai que je priorise toujours les actes et les faits aux valeurs et aux faciès des gens. C’est pourquoi les blagues racistes et misogynes de Trump ou la féminité d’Hillary Clinton ne me semblent pas être pertinentes dans cet exercice sociologique. Mais à contrario, il me paraît totalement grotesque que de prétendre que le résultat des élections américaines soit une victoire des « whites trash » ignares sur la population jeune et éduquée, car cette analyse ne comporte aucun sens[4]. Il est par contre tout à fait intelligible que les laissés pour compte et les déclassés de cette organisation économique néolibérale (le fameux nouvel ordre mondial) aient eu un large impact sur l’élection par rapport aux privilégiés de cet ordre. C’est ce que l’on appelait jadis la « guerre des classes » ! Car le néolibéralisme n’est qu’une forme exacerbée du capitalisme qui engendre nécessairement plus de mécontents que de bénéficiaires. En revanche, je confesse aisément que les éléments des programmes ayant vocation à brimer les droits humains de ces deux candidats me sont tout à fait insupportables. Mais contrairement aux messages véhiculés par les médias, je ne crois pas que de fomenter des guerres d’agression et d’organiser un ordre économique d’une violence aussi radicale soit tellement plus moral que de brimer les droits des musulmans et des Latino-Américains par des « murs » ou des contrôles au faciès. La grande différence est que les mesures antisociales de Mme l’ex-candidate se voient un peu moins facilement et ne sont pas dénoncées avec la même vigueur que celles de Trump.

L’argumentaire de vente des démocrates était qu’Hillary Clinton était une femme ouverte sur le monde qui voulait défendre les droits des minorités et voulait unir la planète via la mondialisation des échanges. Tout ce bric-à-brac est prêché par tous les représentants du néolibéralisme depuis la chute du mur de Berlin et ne sert qu’à cacher une réalité bien peu reluisante de l’évolution de nos sociétés. Car en réalité pour ces gens, la « défense des minorités » se limite à placer quelques représentants de ces groupes à de hauts postes et qui auront essentiellement pour tâche d’assurer l’inégalité fondamentale de cet ordre social. Autrement dit, mettre plus de représentations identitaires dans les conseils d’administration des multinationales, des banques et de l’État pour rendre ces organisations plus sympathiques au public … ou plus à « gauche » si vous voulez. Et ceci, malgré le rôle nocif qu’ont ces organisations sur la qualité de vie de ceux qui devaient soi-disant voter démocrate, mais qui apparemment n’en ont rien fait.

Trop longtemps la gauche s’est fait phagocyter par ce néolibéralisme moralisant, à coup de valeurs, de tolérance factice et d’épouvantails à détester. Il vient un temps où ce masque de clown progressiste vulgaire écœure la population au point de rendre les blagues racistes et l’apologie de l’ordre ancien comme l’apanage de la critique sociale! L’association constante de politique économique antisociale d’avec le verbiage sur les bonnes mœurs (antiracisme, féminisme, défense des minorités ethniques, etc.), sans compter les amalgames criminels entre mondialisation et soi-disant ouverture sur le monde, rend ces thèmes détestables à plusieurs pans du peuple. Notamment ceux qui souffrent des effets de cet ordre et qui n’appartiennent pas à une identité que le néocapitalisme de « gauche » flatte constamment. Et il est là le danger Trump, car à force d’amalgamer bonnes mœurs progressistes et mise en place d’un ordre aussi violent que celui que nous promettait la candidate démocrate, il vient un jour où le modèle inverse (la droite populiste) finit par émerger du désespoir des masses.

Il serait facile de faire des comparaisons avec la montée des dictatures des années 30, d’autant plus qu’il y a beaucoup de similitudes entre les mouvements des deux époques. Mais l’Histoire ne se répète jamais totalement et le monde d’aujourd’hui comporte des maux qui diffèrent beaucoup de la période de l’entre-deux guerre. Notamment en ce qui a trait aux causes de l’émergence de ces populismes de droite (voir d’extrême droite). Mais une chose est sûre, la morale est toujours le siège de l’hypocrisie et tant que la gauche ne sortira pas de cette scolastique stérile, elle ne pourra qu’être le témoin impuissant de la montée de la droite populiste. La réalité est dure et la politique est sale, c’est pourquoi, si nous voulons changer l’ordre social existant, il faut affronter les questions difficiles, même si elles sont déplaisantes[5] et ne peuvent faire l’unanimité. C’est le parcours obligé de tous ceux qui veulent réellement améliorer notre monde. Se mettre la tête dans le sable est ce qu’il y a de pire à faire pour l’avenir, car pendant que la « droite complexée[6] » dénature les luttes contre les discriminations, les populismes de droite passent pour la seule opposition de nature économique crédible. Et s’il fallait qu’un Trump ou un Lepen aient des résultats moindrement positifs dans un avenir proche, la traînée de poudre risquerait de prendre des proportions à jamais inégalées dans le monde.

Benedikt Arden (novembre 2016) 

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[1] Ce qui l’on appelle « libre-échange » en novlangue.

[2] Les résultats ont démontré que le vote populaire des deux candidats était le plus bas des trois dernières élections, ce qui prouve que ce sont surtout les abstentionnistes qui ont élu Trump.

[3] À l’exception notable de la France insoumise bien sûr.

[4] La politique américaine est en soi un exercice de bêtises et de démagogie qui relève plus de la télé-réalité que de l’exercice politique d’un peuple souverain.

[5] Immigration, État, géopolitique, police, Justice, frontières et j’en passe et des meilleurs.

[6] Entendre : la soi-disant gauche de gouvernement.

samedi 22 octobre 2016

L’Islam en question

En janvier 2015 et faisant suite aux attentats de Charlie Hebdo, j’écrivais les mots suivants :

« Tous ceux qui connaissent un peu la réalité du monde et son évolution auront tôt fait de comprendre que le risque d’attentats de ce type dans les divers états occidentaux, mais surtout en France, était une réalité à craindre. Mais voilà que comme une traînée de poudre, cette situation rendra sans doute les tensions sociales encore plus difficiles dans les pays à fort taux d’immigration musulmans. Cela engendrera probablement des conséquences très nocives partout où le même terreau sociologique est cultivé. »
 « […] il n’est pas difficile de comprendre que de blâmer les populations d’accueils (comme le fait trop souvent la gauche) ou les immigrants (comme le fait trop souvent la droite) de tous les maux n’ont pas d’autre conséquence que d’empirer la situation. Car quand l’on stigmatise les musulmans en même temps que le reste de la population au nom des fractions inverses, il s’avère que l’on génère des antipathies qui finissent tôt ou tard par ce genre d’acte barbare. En somme, les deux discours se complètent dans ce qu’il y a de plus nocif si nous voulons construire une société de paix. »
Si nous prenons un peu de recul sur la situation actuelle, je crains que mon anticipation concernant les conflits sociaux présents se soit révélée plutôt juste, si l’on tient compte de l’importance complètement démesurée qu’a prise la question de l’Islam dans nos sociétés. Et contrairement à ce qu’ils auraient dû servir, tous ces débats ont surtout permis l’émergence d’une nouvelle opposition politique plutôt originale, si nous l’analysons d’après les critères politiques habituels (gauche vs droite[i]). Soit une opposition centrée sur la question même de l’Islam et qui se voit s’affronter (grosso modo) des groupes se revendiquant du laïcisme (plus ou moins athée) et du nationalisme culturel contre ceux défendant le multiculturalisme et le communautarisme. L’élément qui se trouve être le plus original dans cette dichotomie politique n’est pas tant le débat sur la place de la religion dans la sphère publique (car déjà très ancien), mais le fait que les représentants de ces chapelles se présentent tous comme les défenseurs du progressisme et du droit contre l’obscurantisme. Obscurantisme évidemment représenté par l’autre camp. À l’évidence, chacun a sa vision particulière du progressisme…

Le premier, laïciste & plus ou moins hostile à l’Islam, se présente comme le représentant de l’égalité homme-femme, du droit des gais, etc. Ceux-ci revendiquent une lutte contre une idéologie religieuse jugée réactionnaire, un peu sur le modèle de celle menée à l’époque de la Révolution tranquille[ii] ou du 18e & 19e siècle en France. Certains de ses représentants iront parfois jusqu’à parler de « fascislamisme » ou de « fascisme vert » pour mettre leur position en emphase et ainsi usurper la vieille rhétorique antifasciste, comme le fait allégrement BHL depuis longtemps. Les seconds, soit les multiculturalistes plus ou moins favorable à l’exercice du culte islamique, se présenteront, quant à eux, comme les défenseurs des droits individuels et de l’antiracisme classique. Le rejet de l’Islam étant essentiellement considéré par ces derniers comme étant une forme de racisme, toute ingérence ayant vocation à contraindre la pratique du culte sera ipso facto interprétée comme émanant de sentiments racistes « mêmes si emballés d’un argumentaire progressiste », diront ces derniers.  

Il va sans dire que les controverses entourant ces débats forment un fourre-tout idéologique qui ne se prive pas d’un certain ridicule, car se présentant tous comme les défenseurs du « véritable progressisme » contre la « réaction ». Les uns étant frappés de l’anathème « d’islamophobes » et les autres « d’islamo-gauchistes », il est pathétique de les voir s’emporter dans des interprétations souvent franchement fantasmées de la présente situation. Car, autant les premiers auront souvent tendance à prendre pour cible « l’idéologie islamique », les seconds focaliseront leur argumentaire sur le thème du racisme pour expliquer un peu tout et n’importe quoi. Par chance, il ne s’agit pas de l’ensemble des débats entourant ces questions et il est encore facilement possible d’en trouver de très constructifs, notamment dans les universités et dans les médias & forums spécialisés. Malgré ces initiatives salutaires, nous ne pouvons en dire autant des grands médias, ceux-là mêmes qui sont portés par des intérêts privés et ayant un plus grand souci du « buzz » que de l’éthique journalistique. Médias suivis par les grandes masses et se privant rarement de faire mousser des polémiques aussi anecdotiques que nuisibles par des faits divers et des nouvelles de nature peu fiable.

Avec un peu de recul, on note aisément que le point commun qu’ont les belligérants de ces débats est de chercher l’affrontement au détriment d’un consensus constructif, car l’essentiel des deux discours est très largement consensuel et pourrait facilement se concorder sur un programme minimum. Mais puisque l’objectif est d’abord de sauver leurs thèses (la faute aux racistes ou à l’Islam), ces derniers feront tous les efforts possibles pour ne pas comprendre qu’il ne peut y avoir de victoire pour aucune des parties dans l’état actuel des choses. Mais il est certain qu’avec la caisse de résonnance que leur offre les grands médias, ces polémiques sans issues risquent de nous porter vers des conflits sociaux majeurs, puisqu’au-delà des idées, c’est d’Êtres humains dont il est question ! Le problème ne réside donc pas chez ceux qui font de l’Islam le problème primordial, ni chez ceux qui se refusent carrément de poser la question, mais dans le climat malsain causé par une mauvaise interprétation de la réalité, ce qui implique de facto de mauvaises solutions.

Cette situation est d’autant plus préoccupante que ceux qui combattent l’Islam ou l’islamophobie au nom des libertés libérales semblent oublier chaque jour davantage que ce type de combat, qui vise à bâillonner ceux qu’ils estiment être leurs ennemis, font partie des principaux arguments qu’utilisent les dirigeants occidentaux afin de limiter nos droits.  L’état d’urgence & les lois d’exception en France, le Patriot Act américain et notre Loi antiterroriste[iii] (C-51) en sont tous issus, même s’ils sont aussi généralement dénoncés par la portion respectable (les progressistes sincères) de ces mêmes groupes. Car il faut bien avouer qu’un autre aspect dérangeant de cette nouvelle opposition politique est qu’elle fait s’unir gauche et droite dans leurs causes respectives et procède (dans les deux cas) d’un savant mélange de discours progressistes et de mesures politiques réactionnaires[iv]. Politiques différentes, il est vrai, mais ayant tous deux participé à la mise en place d’un appareil répressif, qui aura tôt fait de monter son vrai visage quand viendra le jour où une véritable guerre de classe émergera des décombres de cette guerre, d’apparence religieuse.

Comme vous le comprendrez, le sujet est aussi vaste que confus et afin de préciser mes craintes sur cette superstructure légale en voie de création, il serait bien de mettre un peu d’ordre dans tout ça.

Le culte
Afin de bien analyser le problème actuel, il est primordial d’inscrire la question de l’Islam dans le processus social dans lequel il s’inscrit et non pas tant comme une idéologie automotrice de ses propres comportements. Même si l’on n’est pas d’accord avec moi sur le rôle prépondérant que joue l’infrastructure économico-sociale sur l’idéologie, on se rendra bien vite compte que le pur combat d’idée n’a jamais réglé quoi que ce soit. Ces efforts sont assurément valables, mais restent de nature purement intellectuelle et n’ont que peu d’impact dans la vie hors des universités et des Églises. La croyance selon laquelle une idéologie (et à plus forte raison une religion) peut être éradiquée, autrement que par son dépérissement naturel[v], relève d’une naïveté propre au totalitarisme[vi]. Les exemples sont pourtant légion[vii] et l’inefficacité de ce genre de politiques s’est confirmée à de multiples occasions.

Mais avant tout, qu’est-ce que l’Islam ? Est-ce possible d’en comprendre le sens sans nécessairement avoir à s’empêtrer dans une lourde théologie impertinente ? Bien sûr que oui !

Selon Wikipédia, « L'islam (en arabe : soumission à Dieu) est une religion abrahamique s'appuyant sur le dogme du monothéisme absolu et prenant sa source dans le Coran, considéré comme le recueil de la parole de Dieu (Allah) révélée à Mahomet (Muḥammad), proclamé par les adhérents de l'islam comme étant le dernier prophète de Dieu, au 7e siècle en Arabie ». En d’autres termes et comme pour les autres monothéismes, l’Islam est une idéologie explicative de la totalité du monde basé sur la présupposition de l’existence d’un Être unique tout puissant, qui promet à ses adeptes un au-delà qui sera conditionné (enfer ou paradis) en fonction des actions et pratiques de ses membres lors de leur vie. Le paradis ou l’enfer est donc le dénouement du respect des pratiques qui sont indiquées dans le livre saint ou par ses interprètes. Pour un esprit matérialiste (ceux auxquels précisément je m’adresse), l’Islam est surtout une doctrine ayant à la fois un rôle d’organisation sociale et de réponse aux questionnements métaphysiques propre à l’Homme. Cette doctrine, sans avoir à en départager ce qui tient du mythe ou de l’Histoire, comporte ses particularités en l’état qu’elle est apparue à un endroit et une époque particulière, soit l’Arabie du 7e siècle. Il est donc primordial d’en tenir compte pour en juger les mœurs.

Comme vous le savez peut-être déjà, l’époque de cette partie du monde comportait quelques particularités. Notamment d'être désertique, violente et particulièrement divisée politiquement. L’infrastructure économique de l’époque était essentiellement l’élevage de bestiaux et la propriété terrienne de type féodale. Toutes ces données structurelles sont fondamentales si l’on veut bien comprendre l’origine des pratiques de l’Islam, car ses pratiques sont pour l’essentiel à comprendre par ce filtre. Un exemple concret serait le très polémique voile islamique, recouvrant plus ou moins l’ensemble du corps des femmes. Ces coutumes liées à cette extrême pudeur des femmes ne sont pas issues du simple fruit de réflexions métaphysiques, mais sont d’abord liées à la nécessité de contrôler les naissances (dû au climat et à la production de nourriture[viii]) et au niveau de frustration qu’engendre la concentration des femmes chez les aristocrates et autres propriétaires terriens. D’ailleurs, la concentration des femmes chez ces riches personnages, était aussi liée au rapprochement des pâturages (par le mariage conclu entre propriétaires voisins), donc la possibilité d’entretenir de futurs héritiers et un groupe plus grand. 

Notons, comme autre exemple, le cas de l’interdiction du porc dans l’alimentation musulman. En fait, c'est surtout la corruption rapide de cette viande par grande chaleur (à une époque où, rappelons-le, il n'existait pas de frigos) qui serait à l'origine de cette pratique et non encore une quelconque réflexion métaphysique. Le porc, qui a la particularité de demander beaucoup de cuisson à cause de sa teneur en bactéries pathogènes, nécessite une quantité de combustibles qui se trouve à se faire rare dans les grandes étendues désertiques de l’Arabie. C’est donc bien des éléments conjoncturels de l’époque que sont issues les caractéristiques actuelles du culte islamique.

Je pourrais multiplier les exemples de cette manière encore longtemps, afin de démontrer que les aspects rigoristes de cette religion s’expliquent pratiquement toujours par des considérations liées aux nécessités de la vie en société et n’ont que peu à voir avec l’immortalité de l’âme. Comme la volonté est toujours issue de la nécessité, on en vient à comprendre que la religion se crée de la même façon que les grandes idéologies structurantes, soit par des nécessités d’ordres sociales[ix], même si l’apparition de ces coutumes peut prendre bien des couleurs.

L’Histoire
Ceci est fort intéressant, me direz-vous, mais pourquoi ces pratiques se conservent-elles encore de nos jours ? Cette question est fondamentale, car c’est à travers elle que nous pourrons juger du danger réel ou supposé que pose l’Islam aujourd’hui. On pourrait écrire plusieurs briques de plus de mille pages pour répondre à cette question, mais inutile de sortir des éléments fondamentaux pour s’y retrouver et ainsi y répondre. Comme toute culture religieuse, l’Islam porte en elle la responsabilité de maintenir la superstructure éthique et idéologique de ses sociétés et, de ce fait, aussi de ses coutumes. La tradition est donc la base de l’ordre établi pour faire fonctionner « organiquement  » la population, mais elle sert aussi à justifier la hiérarchie en place. Cette hiérarchie est comme les autres, le garant des rapports de production. Mais quand les rapports de production changent, des tensions apparaissent et s’intensifieront, jusqu’au jour où l’ordre change brusquement, comme lors d’une révolution, ou par des épisodes de réformes rapides. Les religions ne changent jamais aussi rapidement, mais elles se trouvent dans l’obligation de le faire relativement rapidement pour ne pas se retrouver en déphasage et ainsi risquer de perdre sa raison d’être.

L’Islam, comme les autres religions, fît des réformes (il existe plusieurs courants réformistes dans l’Islam), mais la grande différence réside surtout dans le statut colonial et/ou semi-colonial de la plupart des pays musulmans lors de nos périodes d’industrialisation et qui ont fait perdurer artificiellement les structures féodales[x] dans ces États. Malgré ce contrôle extérieur, certaines données ont tout de même évoluées au court du 20e siècle, notamment au point de vue démographique. L’augmentation de la population et la prolétarisation qu’elle engendre (par manque de travail sur les terres agricoles) couplée à l’augmentation de l’éducation et de la domination de leurs pays, a entrainé, dans la majorité de ces pays, de forts courants socialistes et une laïcité de type occidentale, malgré le maintien des mœurs traditionnelles dans la majeure partie de la population. Le socialisme de ces pays s’est surtout illustré comme composante du « nationalisme arabe » (Baasisme, Nassérisme, Kemalisme, etc.) et, en lien plus ou moins direct avec l’URSS, s’est institutionnalisé. Par la suite, le vieillissement de ces régimes, leur déficit de démocratie, la stagnation économique et l’augmentation de jeunes gens diplômés a vite fait de rendre une grande partie de la jeunesse mécontente de leurs dirigeants et avide de renouveau. Ici nous trouvons les bases du « Printemps arabe »[xi].

Parallèlement à cette évolution, un autre élément clé est la Guerre froide entre blocs de l’Est et de l’Ouest. Comme évoqué plus haut, plusieurs pays musulmans étaient dans la sphère d’influence soviétique, et comme la guerre directe n’était pas possible, du au risque de guerre nucléaire (MAD[xii]), les stratégies de subversion orchestrées par leurs services secrets devaient prendre le relais des armées régulières. Cette stratégie est très simple et se caractérise essentiellement par un soutien technique et financier des groupes les plus à même de faire vaciller le régime. Et dans les pays musulmans, ceux qui étaient les plus à même de détester le nationalisme arabe étaient bien sûr nos islamistes actuels. Islamistes vantés par les médias de l’époque de l’Afghanistan prosoviétique et parfois même qualifiés de combattants de la liberté ! Vous connaissez surement bien la suite, car la perte de contrôle de ces groupes est ce qui a directement enfanté le terrorisme islamique actuel.  

L’après 11 septembre 2001 est très caractéristique, car il situe dans le temps le début de ce qu’on peut qualifier « d’islamophobie de masse ». Ici j’entends par « islamophobie » une peur irrationnelle de l’Islam, comme culte et non pas la critique théologique de l’Islam ou bien le racisme envers les personnes issues du Moyen-Orient. Malgré tout, c’est à partir de l’islamophobie que surgit l’hostilité à l’Islam. Mais « hostilité » n’est pas « phobie », même si ces concepts sont souvent étroitement liés. L’islamophobie de masse est issue de plusieurs phénomènes, mais les plus importants sont évidemment le besoin qu’ont les politiques et les faiseurs d’opinions d’identifier un « ennemi[xiii] », la recherche de buzz médiatiques et de la xénophobie toujours potentielle du petit peuple.

L’identité et les communautés
Mais avant qu’il y ait ce mouvement d’hostilité, il devait y avoir contact. Et ce contact était déjà fait depuis un bon moment, via l’immigration. Sans discuter à fond des mécanismes de l’immigration, on peut au moins en dire qu’elle est issue presque directement des écarts de richesse entre les pays, des leurs relations historiques, linguistiques & familiales et du besoin, qu’ont les pays d’accueil, de faire face à la dénatalité. Les politiques migratoires des années 60-70 en France et 80-90 en Amérique du Nord, étant irresponsablement « généreuses » pour les moyens mis en place[xiv], celles-ci ont tôt fait de laisser se constituer des enclaves identitaires où les opportunités sont bien rares et où la direction de ces communautés est officieusement laissée aux mains de petits despotes locaux. Et ceci, en échange du soutien que ces « leaders » sont capables de susciter de la part de la communauté envers le régime en place. Les partis libéraux fédéraux, provinciaux et même municipaux du Canada en sont des exemples presque caricaturaux, et chaque campagne électorale confirme le soin particulier que portent ces politiciens à des personnalités (les représentants de ces communautés), qui n’ont pourtant qu’un intérêt anecdotique en dehors des campagnes électorales.     

La conception sociétale que l’on qualifie souvent de « communautariste » est la norme depuis plusieurs décennies et est le modèle de société qu’ont officiellement adopté le Canada et (officieusement) le Québec. Le système est simple. On reconnait une communauté et on laisse les populations immigrantes être « culturellement » administrées par des responsables plus ou moins autoproclamés tout en ne laissant à ces communautés qu’un statut symbolique, sans réelle conséquence politique. Comme l’identité est d’abord un ciment social et que le social implique le collectif, l’identité est la forme que devrait normalement prendre la démocratie. Ce sentiment identitaire est la raison pour lequel des individus, qui n’ont aucun lien social direct entre eux, acceptent les décisions majoritairement consenties par l’ensemble du peuple. C’est le sentiment d’appartenance à sa collectivité qui rend possible l’existence de la démocratie dans une collectivité, autrement le désir de sécession se ferait nécessairement sentir. Or, dans ces communautés ethnoculturelles, l’attache identitaire au niveau national ou municipal n’est pas (ou très peu) présente et leur représentation politique ne correspond pas à leur subjectivité identitaire. C’est pourquoi certains individus de ces communautés, et, selon leur interprétation bien personnelle de l’intérêt de cette collectivité, s’autoproclameront leurs représentants.

Ces représentants officieux ne sont pas des représentants politiques, ils ne jouissent donc pas des règles de la démocratie parlementaire, mais agissent plutôt comme « lobbyistes ». Le lobbying étant une façon de faire pression sur les représentants, il est rarement le garant du bien commun et défend normalement des intérêts particuliers au détriment des autres. Malgré cet état de fait, ces populations finissent par reconnaitre ces représentants et leur faire confiance. C’est pourquoi il est si populaire, chez les politiciens lors des campagnes électorales, d’aller charmer ces représentants plutôt que leurs membres, comme je l’ai déjà évoqué. Évidemment, ceux-ci en sont bien conscients et savent en tirer profit, par des demandes qui auront surtout pour objet de maintenir ou d’amplifier leur pouvoir. Et quoi de mieux que de réclamer l’institutionnalisation de pratiques religieuses, héritées de l’époque féodales et qui affirment dans ses structures à la fois le pouvoir despotique de ses chefs et la séparation d’avec le reste de la population ? Maintenir un « État dans l’État » officiellement reconnu, mais sans pouvoir légal autre que le lobbying, et maintenu par une tradition religieuse déphasée de la réalité du pays est une façon très efficace de se placer comme petit maitre d’une population ayant besoin d’encadrement et d’intégration, mais dont ils organisent la marginalisation par la religion et ses coutumes. Ce système de gestion crypto-colonial n’est pas né d’hier, car c’était le modèle canadien au Québec pendant toute la période ultramontaine, où le clergé, en échange du pouvoir culturel, laissait le pouvoir politique et économique aux Anglais. C’est un peu l’origine des fameux « accommodements raisonnables » qui se mettaient en place à l’époque de nos arrières-grands-parents.

La marginalisation et le racisme
Évidemment, le maintien de ces communautés à pareil ordre n’est pas directement imposé, car il s’agit tout simplement des traditions du pays d’origine. Mais la pression de ces traditions reste encore très forte à l’intérieur de la communauté. Cette pression est surtout issue de la proximité des membres, mais aussi de la peur ou de la méfiance du monde extérieur. Évidemment, il ne faut pas non plus négliger la responsabilité du monde extérieur, car le fait de conserver des mœurs comme ceux de l’Islam traditionnel et de vouloir les maintenir dans une société post-religieuse, comme le Québec, aura comme conséquence inévitable d’engendrer un certain niveau de méfiance, et parfois même du racisme, chez le reste de la population. La xénophobie est le fruit de l’ignorance, et le repli communautaire participe de cette situation. Donc, dans une société d’ordre « multiculturaliste », le repli devient vite généralisé et le problème tant à empirer avec le temps. Beaucoup évoquent et condamnent avec raison le repli identitaire de la majorité, mais il se trouve que le multiculturalisme place toutes les communautés identitaires dans une position de repli, car ce système sépare l’identité culturelle de l’identité politique. Le premier évidemment au détriment du second.

C’est pour ces raisons que la question identitaire devient aussi clivante chez la « communauté » majoritaire. On parle d’identité, mais presque toujours en opposition d’avec l’identité d’un autre, parce qu’on a organisé la société de manière culturelle (pour ne pas dire ethnique) et apolitique. Communauté contre communautés et, au-delà, multiculturalisme contre monoculturalisme. Mais l’identité est quelque chose de vivant et non pas une essence statique ni une théorie, c’est pourquoi c’est dans la pratique de la citoyenneté qu’elle se définit. L’identité ne se déclare pas, mais se découvre.

Pendant que nous polémiquons sur la culture, c’est le statu quo dans les communautés culturelles et surtout chez celles pratiquant l’Islam. Pendant que ses chefs autoproclamés font leur petit lobbying pour eux-mêmes, la précarité s’installe de plus en plus « chez eux ». Celle-ci s’installe partout certes, mais elle l’est encore plus au sein de ces communautés, car elle est renforcée par la peur ou l’hostilité de l’intérieur et la xénophobie à l’extérieur. Cette situation aura tôt fait de mettre bien de gens (et notamment les jeunes) dans de graves situations de marginalisation et d’asociabilité. Et comme la société est artificiellement divisée en identités culturelles, les victimes ont un ressentiment du même ordre. C’est là que les prédicateurs que l’on qualifie « d’islamistes » ou les extrémistes musulmans arrivent dans le jeu, car ils peuvent aisément travestir ce ressentiment d’ordre social en haine religieuse. C’est pourquoi les actes terroristes islamistes sont pratiquement toujours commis par des jeunes aux profils sociaux déviants. Les groupes terroristes comme Al-Qaïda ou Daesh n’ont ensuite qu’à revendiquer ces actions majoritairement autonomes pour se faire de la pub, tout en renforçant la peur que leurs mouvements suscitent.

Le terrorisme international et la guerre en Syrie
Depuis plusieurs années, mais surtout depuis le 11/9, on nous parle de combattre le terrorisme. Pour ce faire, on met en place tout un ensemble militaire et policier afin de combattre les actions kamikazes des groupes islamistes. Mais l’effet de cette lutte n’a fait qu’engendrer plus de terrorisme. Pourquoi ? Tout simplement parce que la source du terrorisme est la souffrance et le désespoir. Le phénomène est pourtant fort simple. Combattre le terrorisme, pour nos gouvernants, ce n’est finalement que combat les structures militaires terroristes. Mais couper la tête du commandement et elle repoussera aussitôt, car les conditions qui l’ont fait émerger sont toujours présentes et ne font qu’empirer. Sans compter que les états inféodés à l’OTAN et aux États-Unis sont plus ou moins motivés[xv] à les vaincre vraiment, sachant que ces groupes terroristes font aussi parfois « du bon boulot », comme l’a un jour dit un sinistre ministre français des affaires étrangères. Pire encore qu’une attaque frontale, comme celles effectuées par l’alliance syro-russe, les semi-attaques de la coalition otanesque ont tendance à se limiter à la destruction du pays, sans réellement toucher la logistique des groupes islamistes armés. L’envers de cette action est bien sûr un flot de réfugiés de guerre qui dans les conditions actuelles de l’opinion occidentale (l’islamophobie de masse évoquée ci-dessus) ne sont pas toujours les bienvenus. Ce flot de « migrants », comme on dit, viendront s’ajouter à l’immigration économique, seront éventuellement « administrés » par les représentants culturels et auront donc les mêmes problèmes d’intégration que leurs prédécesseurs.

Du côté de l’État islamique (EI) c’est encore pire, car les conditions misérables de la guerre civile sont accompagnées d’un régime théocratique plus arriéré qu’il est possible d’imaginer. Mais même à supposer que certains Syriens croient réellement que le califat de Daesh pourrait leur apporter un quelconque avantage, il n’est pas dans l’intérêt de l’EI d’améliorer la qualité de vie de la population dont il a la charge, pas plus que de protéger les musulmans des pays occidentaux d’ailleurs. Comme vous le savez, l’EI a besoin de combattants, et d’un bon nombre, afin de compenser son armement majoritairement léger. C’est pourquoi, en plus de la propagande qui vise d’abord les convertis, ceux-ci ont surtout besoin d’une grande masse de volontaires à leur cause. Comme l’Islam extrémiste est totalement déphasé du monde actuel, le meilleur moyen de convertir reste encore de se servir des souffrances dues à la guerre pour ensuite l’imputer à l’État syrien, aux Russes et aux Occidentaux. Évidemment, ceux-ci ont le beau jeu dans tout ça. Puisqu’il s’agit d’une guerre à trois, la confusion que cet imbroglio d’intérêts divergents représente peut aisément être interprétée en terme religieux. Sachant que le baasisme est une doctrine laïque et que les Occidentaux et les Russes sont perçus comme des athées.

Notre côté du monde, comme vous le savez, n’est pas non plus épargné par cette guerre. En plus des déséquilibrés qui organisent des attentats au nom de Daesh, il y a une bonne quantité de jeunes gens qui se laissent séduire par le Jihad, comme s’il s’agissait d’une espèce de brigade internationale islamique. Évidemment, le désespoir est bien moindre ici, mais comme évoqué plus haut, la misère sociale et la marginalisation peuvent aussi être travesties en haine religieuse et suffises bien souvent à ce que des jeunes gens soient tentés de joindre l’EI plutôt que des groupes de défense des droits civiques. Et de ce point de vue, il devient évident que tout ce qui peut accroitre l’islamophobie est indirectement un moyen d’inciter des musulmans à joindre le Jihad de Daesh. Il est absolument certain que les stratèges de l’EI connaissent ce processus dialectique et l’alimenteront volontairement tant qu’il le faudra.

Conclusion         
Que faut-il retenir de tout ceci ? En tout cas, très peu qui soit réellement lié à ce qui est écrit dans le Coran. Nous avons une situation historique de guerre civile stagnante au Moyen-Orient, et plus spécialement en Syrie et dont aucun des belligérants n’a d’objectifs humanitaires. Ce qui engendre une radicalisation, du terrorisme et la fuite massive de la population. Nous avons chez nous une population musulmane (parfois immigrante) qui a une tendance communautariste (elle-même organisée par les politiques du pays) et qui souffre d’une marginalisation croissante. En face, nous avons une population d’accueil qu’on effraie opportunément avec l’Islam pour plusieurs raison et qui développe une xénophobie de plus en plus explicite. Donc qu’est-ce qui en retourne ? Il en retourne que pendant que certains défendent l’utopique conception du multiculturalisme[xvi], de plus en plus de gens développent une peur irrationnelle de l’islam (et donc aussi des musulmans). Ce qui a pour conséquence directe la marginalisation de ces derniers, ce qui accentue leur repli communautaire et offre ainsi plus de pouvoir à ceux qui ont tout intérêt à les maintenir dans un cadre religieux rigoriste. Cadre religieux qui, lui-même, participera au mouvement de peur chez populations d’accueil et ainsi de suite.   

Comme j’espère vous l’avez constaté, aucune des parties en présence n’est vraiment consciente de son rôle dans le processus actuel et il sera bien difficile de faire marche arrière. Malgré tout, il devient de jour en jour plus pressant de jouer la carte de l’apaisement. Apaisement entre les populations d’accueils et immigrantes, mais plus encore entre les belligérants de ce conflit identitaire centré sur l’islam, car la réconciliation entre les communautés en dépend grandement. Comme je l’ai déjà expliqué, l’identité doit servir à unir et non pas à diviser, comme c’est présentement le cas. Les « multiculturalistes » ont raison de défendre les droits individuels et les « identitaires » ont aussi raison de faire valoir la laïcité et le concept de communauté nationale. À l’inverse, tous deux ont tort de croire que l’identité est une donnée statique, devant être organisée, soit de manière séparée ou assimilée, à un modèle précis. Comme je l’ai déjà indiqué, l’identité est une chose vivante qui évolue, avec ou sans le concours de l’immigration, dans le cadre de la citoyenneté. L’immigration apporte simplement sa part de changement et participe de cette évolution. C’est pourquoi l’assimilation doit être mutuelle dans le cadre de l’égalité des droits et des responsabilités individuelles et collectives. Cet état d’esprit est probablement la seule voie qui coupera court à cette montée de l’intégrisme religieux ainsi qu’à son corollaire naturel, la xénophobie. De toute façon, le seul dénouement possible que peuvent nous apporter ces conflits identitaires est le régime de la peur et la perte consentie de nos libertés.

Benedikt Arden (octobre 2016)




[i] C’est aussi le cas pour les termes classiques du Québec, soit « souverainistes » vs. « fédéralistes ».
[ii] Les années 60-70 au Québec.
[iii] Qui condamne le souverainisme au même titre que l’islamisme, soit dit en passant.
[iv] L’aile droite de chaque tendance ayant la facilité de faire valider ses solutions par des arguments de gauche.
[v] Essentiellement dû au déphasage qu’engendrent les conditions sociales modernes sur un culte qui ne l’est plus.
[vi] Totalitarisme, car ayant vocation à imposer des croyances aux individus.
[vii] Les débats entre les savants des diverses religions font rage depuis plusieurs millénaires (quelques centenaires pour ce qui est des athées ou autres) et n’ont donné aucun résultat valable sur le plan des consciences.
[viii] Dans un système économique pastoral (l’élevage des animaux), il n’y a pas de gains de productivité (comme en agriculture) via une plus grande main d’œuvre, mais presque uniquement une augmentation de bouches à nourrir, ce qui impose de limiter le groupe en fonction de la production d’aliments.   
[ix] Nécessités d’ordres sociales, influencées par les moyens de production, qui sont eux-mêmes liés au climat et à la géographie.
[x] Une économie basée sur l’agriculture et dont la propriété de la terre est concentrée par une petite caste qui vit de la rente. Le féodalisme est indirectement maintenu à l’époque coloniale par le biais des concessions d’État aux compagnies étrangères de matière première.
[xi] Ceux de Tunisie et d’Égypte surtout, même si le principe s’applique à la plupart des pays de cette région.
[xiii] En politique, on a toujours besoin d’un ennemi et non pas seulement des adversaires, car ils sert de référence au « bien ». Cet ennemi n’est pas nécessairement matériel et peu (et est très souvent) idéologique. Les exemples typiques sont le fascisme pour la gauche, le communisme pour la droite et l’islamisme aujourd’hui pour une grande part des deux.
[xiv] Les budgets d’accueil étant inversement proportionnels à l’augmentation des taux d’immigration, les nouveaux arrivants sont bien souvent abandonnés à leur sort et deviennent donc ironiquement les victimes de la « générosité » du pays d’accueil.
[xv] Disons même qu’ils jouent un double jeu dans bien des cas.
[xvi] Celle qui s’imagine que les communautés peuvent se rapprocher tout en se séparant de manière ethnoculturelle. 

mercredi 3 août 2016

Lutte des classes ou lutte symbolique ?

Le sujet fait polémique et les occasions n’ont guère manqué, car au moins 4 ou 5 fois par année à Montréal nous apprenons qu’un commerce se fait vandaliser en raison de cette question. J’ai bien sûr eu l’occasion de polémiquer sur le sujet à plusieurs reprises, mais je n’avais jamais perçu ce débat autrement que comme une erreur tactique due au manque d'expérience de certains militants trop épris de sensations fortes. Comme ces polémiques ne me semblaient pas particulièrement sérieuses et que celles-ci sont presque exclusivement internes à la gauche[1], je n’ai jamais cru bon d’en faire un article. Mais depuis la dernière « action directe » à l’encontre de l’épicerie 3734 du quartier St-Henri[2] en mai dernier, j’ai commencé à accepter l’idée que cette pratique devait réellement être considérée par bien des gens comme étant une bonne chose, car de plus en plus soutenu par des textes[3] se voulant sérieux. Malgré le fait que ce genre « d’action directe », en plus d’être nuisible sur le plan de la politique traditionnelle[4], soit totalement erronée du point de vue de la lutte des classes. Donc cette fois, je me dois de m’incliner devant l’actualité et revenir sur cette question qui me paraissait pourtant si simple il y a à peine 10 ans, mais qui se trouve à être aujourd’hui un vecteur de confusion chez ceux qui cherchent à s’attaquer à ce qui engendre l’injustice.

Mais d'abord, revenons aux faits. La lutte contre la gentrification n’est pas vieille, mais est tout de même le produit d’un processus qui lui est visible depuis plusieurs décennies. Pour faire court, disons que plusieurs quartiers ont historiquement été bâtis ou peuplés par les masses ouvrières dans les périodes d’industrialisation (pour Montréal, c’est surtout au court de la fin du 19e siècle). Ces secteurs pauvres, par définition, étaient bâtis pour être clairement distincts et séparés des secteurs bourgeois, pour des raisons que vous connaissez sans doute déjà. Après la Seconde Guerre mondiale, l’occident tout entier connut une croissance économique fulgurante (les Trente Glorieuses), ce qui, avec le concours d’une industrialisation accélérée, fit émerger chez nous une nouvelle élite francophone et une large classe moyenne. Cette industrialisation donna le coup de grâce au modèle de société rurale ultramontaine et fit augmenter de beaucoup la population urbaine, encore majoritairement pauvre. Le centre-ville de Montréal ayant à cette époque un très haut niveau de criminalité[5], c’est surtout les banlieues qui profitèrent de l’essor de ces années de croissance. C’est donc à partir de la génération suivante[6] que ce retour en ville de gens plus ou moins aisés fût initié. De manière modeste, il est vrai, ces nouveaux arrivants souhaitaient d’abord profiter de la baisse de la criminalité et des bas loyers, afin de se placer près du centre-ville, où les emplois avaient tendance à se centraliser[7]. On doit aussi ajouter à ces considérations que les divers paliers de gouvernement ont mis en place plusieurs plans de réaménagement urbain pendant les années 80, afin d’inciter de potentiels nouveaux arrivants[8] pour ainsi profiter des taxes que cet exode des banlieues et des régions pouvait engendrer.

C’est surtout à la fin des années 90 que ce que l’on appelle aujourd’hui « l’embourgeoisement des quartiers populaires » se fit le plus sentir, avec la troisième génération : les Y. Cette génération reconnue pour sa tendance artistique, son ouverture sur le monde et son côté passablement bohème fût le socle de ce que les Français, et nous par la suite, appellerons les « bobos », ou « bourgeois bohèmes ». Cette nouvelle classe sociale, sans être vraiment bourgeoise au sens strict du mot[9], est par contre friande du mode de vie urbain, de culture, des produits du terroir et d’écologie. C'est pourquoi les commerces du genre épicerie fine, produits équitables et boutiques/restaurants/bars thématiques et/ou artistiques ont émergé de cette population même, au cours des années 2000. Enfin, le terme de « bobo », d'ailleurs issu du vocabulaire de l’extrême droite française[10], définirait des citoyens qui se veulent engagés socialement, mais qui ne voudraient pas trop sacrifier de leur confort et qui donc se limitaient aux éléments surtout esthétiques (et consommables) du progressisme. Ce terme, comme vous l’avez compris, est évidemment péjoratif et a surtout pour objectif (pour la gauche) d’afficher le mépris des militants de terrain envers la « petite bourgeoisie[11] urbaine ». Les fameux « young urban professionals » diront certains.

Évidemment, l’espace de ces quartiers étant limités et le libre marché étant de rigueur dans notre civilisation néolibérale, les premiers quartiers embourgeoisés ont vite débordé sur les autres et de fil en aiguille, les quartiers défavorisés ont vite fait place aux quartiers « branchés » et les prix des loyers ont de ce fait explosé en peu de temps. Sauf exception de quelques îlots majoritairement composés de personnes issues de l’immigration, qui ne tarderont probablement pas non plus à suivre cette tendance. Évidemment, il y a encore peu de temps, il ne venait à personne de la gauche radicale de blâmer les « bobos » pour ces conséquences indirectes et même qu’il était reconnu que la base sociale de cette population était l’une des composantes de cette gauche radicale. À cette récente époque, la gentrification était surtout associée à une conséquence du néolibéralisme, qui réfute toutes organisations sociales et qui devait être combattu comme telle. Mais par un étrange processus, certains militants en sont aujourd’hui venus à blâmer les petits commerces de ces quartiers, comme principale source de l’effet pervers qu’occasionnent le « libre marché » et le néolibéralisme.

Or, il est pourtant notablement facile à intégrer que la concurrence entre multinationales est un mythe aussi « rationnel » que la résurrection du Christ ! Cette collaboration entre les divers acteurs du capitalisme engendre ce que Lénine dénonçait déjà en 1916[12], soit les cartels et les monopoles industriels. Groupes multiples, mais, à l’instar des leurs homologues du crime organisé, capables de s’entendre sur les prix et les pratiques commerciales. Ces cartels ayant de longue date colonisé les centres commerciaux, les jeunes entrepreneurs sont contraints la plupart du temps[13] aux commerces de « niches ». Soit le commerce dont les produits ont une survaleur non économique, comme le commerce équitable, écologique, biologique et de luxe. De cette façon, les commerçants peuvent utiliser l’éthique (dans le cas des produits équitables, bio, etc.) des habitants du quartier pour concurrencer les grandes bannières. C’est d’ailleurs l’un des points d’attraction qu’ont ces quartiers chez cette classe « bobo », comme je l’ai déjà mentionné. Et ceci, sans compter que ce type de pratique commerciale était depuis longtemps pratiquée par les communautés issues de l’immigration avant d’être imitée par ces populations.        
    
En plus du commerce, il y a de plus en plus de condos dans ces centres. Et là, on nage en terrain un peu plus connu, car la lutte contre la gentrification était auparavant centrée sur cette question. Mais comme pour le commerce, les habitations de ce type suivent les demandes de cette nouvelle population, car pour un grand nombre de ces Y, les logements locatifs sont perçus avec raison comme de l’usure. C’est pourquoi un grand nombre d’entre eux sont amenés à quitter leur ancien logement locatif (dont l’entretien est souvent négligé afin d’en augmenter les profits) pour aller se trouver un endroit dont la responsabilité leur revient. C’est d’ailleurs de cette façon que les quartiers avoisinants se font coloniser par cette population. Soit en quittant un logement souvent trop cher, pour emménager dans un condo dans un quartier moins cher (ce qui contribue évidemment à en augmenter le coût global). Comme pour le commerce, c’est souvent en passant par des pratiques responsables sur le plan individuel que les effets gentrificateurs se font le plus sentir et il n’est guère pertinent de juger les gens qui font ces choix, car, sauf à vouloir attendre le grand soir de la révolution sociale, ceux-ci ne peuvent choisir qu’entre ces deux types d’habitations. Les logements sociaux étant bien évidemment réservés aux familles les plus pauvres.

À partir de maintenant, le décor est planté et il nous est déjà possible de voir ce qui cloche dans « l’action directe » de nos militants anti-embourgeoisement. Selon les dires de leurs défenseurs, il ne serait pas question de nier la bonne conscience progressiste des acteurs de ce problème, mais de leur faire comprendre (par des actes bien peu diplomatiques) qu’ils rendent la vie impossible aux premiers habitants (les pauvres) de par leurs trains de vie sardanapalesque (bio, équitable, etc.). D’après Fred Burrill[14], il ne serait pas non plus question de justifier la présence des multinationales, mais de simplement reconnaître qu’ils offrent les produits dont les pauvres auraient besoin (McDonald, Dollorama, Insta-Chèques, dépanneurs à bière, prêteurs sur gages, tavernes à machine à sous, etc.). Pour les logements, l’argumentaire est passablement le même, soit ne pas vanter le système locatif classique, même si tacitement soutenu, tout en réclamant des logements sociaux, car l’accès aux condos ne serait pas envisageable pour cette population.        

La première chose que l’on note dans cette rhétorique, c’est que malgré son « ni-ni »[15], il y a quand même des effets qui se démarquent clairement en faveur de l’une des parties, car ceux qui en font les frais sont bien sûr les plus faibles des deux. Il est, comme vous savez, beaucoup plus facile de s’attaquer aux petits commerces et aux habitations que de faire grand tort aux franchises de multinationale et aux rentiers du logement des beaux quartiers. Ensuite, ces attaques se veulent surtout « symboliques » et, de ce fait, visent les commerces ayant surtout une « apparence bourgeoise » et ceci sans vraiment tenir compte de ce que signifie le concept de « bourgeoisie ». Ces commerces « d’apparence bourgeoise » sont, comme nous l’avons vu, basés sur la survaleur non économique pour exister, mais comme ils ne sont pas le fruit d’un choix véritable, mais d’une nécessité issue du cadre économique néolibéral actuel, et que, de surcroît, il soit basé sur des offres de consommation se voulant généralement plus responsables[16]. Il est difficile de ne pas y voir un support objectif au commerce le plus immonde qui existe, soit le commerce de la pauvreté. Car, si cette industrie offre, il est vrai, des produits de consommation plus abordables aux « consommateurs pauvres », celle-ci le fait bien évidemment sur le dos des « travailleurs pauvres », qui (sans parler des esclaves du tiers monde) sont bien souvent la même personne !

Car le commerce de la pauvreté est un cercle vicieux où le travailleur pauvre et le consommateur pauvre sont souvent le même, mais où le second (par schizophrénie sociale) ne respecte pas l’intérêt de classe du premier. Donc répudier le commerce « bobo » est une façon de valoriser l’intérêt du consommateur pauvre au détriment de son intérêt de classe, en tant que travailleur pauvre. Car le niveau de retombée économique de ce genre de commerce est incontestablement supérieure d’avec celui des Walmarts, Dollorama, etc[17]. Par ailleurs, il n’est pas ici question de prétendre, comme le font les néopoujadistes, qu’il y aurait une différence de nature entre petit et grand commerce et qu’il faille revenir aux petits commerces d’antan pour plus de justice. Mais de démontrer que de combattre le petit commerce de niche revient à montrer que l’on ne comprend pas du tout le monde dans lequel on vit et donc que l’on n’est aucunement en mesure de se battre pour l’améliorer concrètement. Comme vous le savez surement déjà, les multinationales ont depuis longtemps compris que leur intérêt était de séparer l’égoïsme du consommateur de son intérêt de classe en tant que travailleur(se), car le premier est le pire ennemi du second. Mais de voir des militants se revendiquant de l’anticapitalisme ne pas voir cette évidence, relève de l’exploit ! Et je ne parle pas de toute la vanité avec lequel ces analystes du dimanche vantent leurs analyses « macroéconomiques » uniquement composées de consommateurs et de commerces !  

Encore une fois, je ne prétends pas que le petit commerce serait la voie du socialisme, mais bien de souligner que le petit commerce engendre beaucoup plus de retombées à l’ensemble du peuple (et donc des plus pauvres) que toutes ces grandes bannières qui appauvrissent le peuple tout en s’en nourrissant. Il est donc absurde de croire que de combattre le commerce de niche (souvent local et écologique), en évoquant le pouvoir d’achat des classes les plus défavorisées, quand celles-ci engendrent objectivement plus de richesse et d’emploi que les grandes chaînes. De plus, il est patent de voir que toute cette question évacue le problème central qu’est la question du revenu ! Car c’est précisément la logique d’optimisation du capital variable[18] qui engendre la pauvreté extrême et non pas le prix des objets de consommation. De ce point de vue, il est certes pertinent de dénoncer l’embourgeoisement artificiel des grandes villes par les politiciens et les entrepreneurs, mais pas au prix d’un irresponsable combat contre la basse classe moyenne. La seule chose utile à faire (hors de la politique et de la révolution, qui n’est pas à l’ordre du jour), si l’on tient à cœur l’intérêt des classes pauvres, est de lutter pour l’augmentation des salaires[19] (et/ou le salaire minimum à vie[20]), l’augmentation des services sociaux ainsi que tous autres types de pression contre les mesures d’austérité. Et ceci, tout en revendiquant plus de logements sociaux, comme le fait le FRAPPU depuis longtemps. En dehors de ces actions concrètes, la guerre au capitalisme reste le point fixe de notre horizon. Mais de se laisser aller vainement à une lutte de classe factice entre sous-prolétariats et classe moyenne urbaine, autrement-dit entre ceux qui peuvent se payer des saucisses bio ou pas, relève d’un confusionnisme tout à fait détestable.

Benedikt Arden (août 2016) 



[1] Toutes les tendances de droite sont évidemment unies pour condamner ce genre d’action.
[4] Rares sont les citoyens de ces quartiers et de l’ensemble de la population qui approuvent ce genre d’action, même si certains en comprennent les motivations et aucun parti de gauche ne s’en revendique. Ces actions ont donc comme seul effet de donner du grain à moudre aux démagogues réactionnaires et faire bifurquer les débats centraux, vers ce genre d’évènements.
[5] Dû pour une bonne part à l’augmentation de la population de jeunes, la hausse de la richesse générale (autrement dit, des magots), ainsi qu’à l’effondrement de l’influence de l’Église. http://classiques.uqac.ca/contemporains/cusson_maurice/cycles_criminalite_securite/cycles_criminalite_securite_texte.html#cycles_criminalite_2_3
[6] La génération X pour faire simple.
[7] Les années 80-90 se caractérisent par un déclin de l’industrie des secteurs premiers des régions, d’une hausse du prix de l’essence et d’un centralisme métropolitain issu des mécaniques de la nouvelle mondialisation économique, qui culminera avec l’ALÉNA.
[8] Immigrants d’autre pays comme d’autre région ou de ville.
[9] Cette classe est souvent issue du salariat des services gouvernementaux (hôpital, école, fonction publique, etc.) et du haut tertiaire (sièges sociaux, gestion, publicité, technologie, etc.) et non pas des propriétaires de moyen de production. 
[10] D’abord utilisé par le philosophe Michel Clouscard dans les années 70, le terme fût repris par Alain Soral dans les années 90, puis popularisé dans le langage de l’extrême droite dans les années 2000.
[11] J’emploie ce terme ici au sens que ces militants l’utilisent et non dans son sens exact.
[12] L'impérialisme, stade suprême du capitalisme
[13] Exception faite des nouvelles technologies.
[15] Ni l’un ni l’autre.
[16] Il est vrai que le commerce équitable n’est pas toujours si équitable, mais une grande partie des produits locaux le sont incontestablement.
[17] Via une interprétation plus réaliste du principe libéral du « ruissellement des richesses ».
[18] L’on doit mettre de côté la question des personnes assistées sociales, qui sont une autre question.
[19] Comme dans le cas de la très pertinente campagne de 15plus.org