C’est arrivé le 9 mars dernier, l’un des deux grands magnats du Québec en ce qui concerne le monopole médiatique et l’abêtissement public officialisait sa candidature dans la circonscription de St-Jérôme sous les couleurs du PQ. Cette nouvelle, quoique très peu surprenante, a tout de même fait couler beaucoup d’encre sans compter qu’elle a provoqué l’éveil de quelques Elvis Gratton, comme le grand intellectuel Sam Hamad! « Intellectuel » cuistre évoquant tout le respect qu’il porte à ses électeurs dans cette citation : « les gens de Québec, ils ne veulent pas un pays, ils veulent une équipe de hockey »! Cet épique commentaire est tout à fait digne de celui qui l’exprime. Il est seulement fort désolant de constater qu’encore autant de gens dans notre société soient à ce point éloignés de tout esprit civique pour toujours plébisciter ce genre d’individu.
Enfin, pour revenir à notre candidat « vedette », l’inénarrable Pierre Karl Péladeau (dit PKP) change maintenant de peau et laisse tomber son ancien rôle de capitaliste sans scrupule pour devenir l’homme de la Nation! Outre les commentaires des fédéralistes et autres personnes du même acabit, qui n’ont dans le fond aucune espèce d’importance, il est fort intéressant de voir les réactions des péquistes « de gauche », comme ceux du SPQ libre, qui se vautrent dans l’argumentaire du front uni tout en cachant à peine l’énormité de la couleuvre qu’ils doivent avaler afin de maintenir l’impérative unité. Évidemment, militer au côté d’un des pires patrons auxquels le mouvement syndical a dû faire face relève évidemment du grand art, mais aussi d’une des grandes difficultés que pose la position des militants souverainistes et socialistes. Car la lutte d’indépendance parasite autant la lutte des classes que la lutte des classes parasite la lutte d’indépendance dans une situation de peuple colonisé. Il est sûr que ce paradoxe n’est pas perçu avec autant d’aplomb dans le tiers-monde que dans le monde occidental et il est certain que ces projets se sont toujours mieux mariés dans des périodes plus difficiles du point de vue économique et social, un peu comme nous l’avons connu avant les années 1970. Malgré tout, et surtout depuis les années 1980, ce problème tend à refaire surface lors des situations d’« unions sacrées », qu’elles soient d’un point de vue d’une union des gauches (Québec Solidaire) que d’union des souverainistes (Parti Québécois), car ces unions ont en partie le même électorat. Le problème est donc d’abord une question de priorité, car tous ceux qui veulent un changement radical sont contraints de vouloir l’union des forces progressistes, même s’il n’existe pas de place pour deux fronts unis de ces types dans notre paysage politique. Cette situation rend donc le terrain politique assez complexe d’un point de vue stratégique et il n’est pas aisé de voir quelle stratégie est la plus convaincante pour les militants de la gauche souverainiste.