vendredi 11 octobre 2013

La religion du capital


Les progrès du socialisme inquiètent les classes possédantes d'Europe et d'Amérique. Il y a quelques mois, des hommes venus de tous les pays civilisés se réunissaient à Londres, afin de rechercher ensemble les moyens les plus efficaces d'arrêter le dangereux envahissement des idées socialistes. On remarquait parmi les représentants de la bourgeoisie capitaliste de l'Angleterre, lord Salisbury, Chamberlain, Samuel Morley, lord Randolph Churchill, Herbert Spencer, le cardinal Manning. Le prince de Bismarck, retenu par une crise alcoolique, avait envoyé son conseiller intime, le juif Bleichrœder. Les grands industriels et les financiers des deux mondes, Vanderbilt, Rothschild, Gould, Soubeyran, Krupp, Dollfus, Dietz-Monin, Schneider assistaient en personne, ou s'étaient fait remplacer par des hommes de confiance.

Jamais on n'avait vu des personnes d'opinions et de nationalités si différentes s'entendre si fraternellement. Paul Bert s'asseyait à côté de Mgr Freppel, Gladstone serrait la main à Parnell, Clémenceau causait avec Ferry, et de Moltke discutait amicalement les chances d'une guerre de revanche avec Déroulède et Ranc.

La cause qui les réunissait imposait silence à leurs rancunes personnelles, à leurs divisions politiques et à leurs jalousies patriotiques.

mardi 1 octobre 2013

Au-delà de la charte

Depuis peu, un vent de folie a atteint le Québec. Un vent qui ne m’a même pas laissé la chance de l’ignorer un tant soit peu et qui par de violentes et massives bourrasques de bêtises, m’oblige à remettre quelques pendules à l’heure. Car je crois qu’il est évident que les débats que les politiques nous imposent ici comme partout où la politique stagne, sont de ceux qui ne méritent pas beaucoup plus que du mépris. Ceci pour la simple et bonne raison qu’ils ne servent généralement pas à faire avancer le pays là où il doit aller, mais seulement là où les tactiques politiciennes veulent nous mener, soit vers leur victoire aux prochaines élections(1). La charte des valeurs du PQ n’est rien d’autre que cela, mais malgré tout elle ouvre la porte à certaines réflexions autour de la place de l’identité dans le cadre d’une nation, qui, me semble-t-il, est d’un grand intérêt dans le contexte actuel. Alors essayons de s’élever au-dessus de l’émotif et tâchons de réfléchir comme des gens raisonnables. 

D’abord, une charte pour quoi? Une charte est un ensemble de règles et de principes fondamentaux dans une institution. Ici on parle de chartes pour désigner soit une partie de la Constitution soit une loi d'une importance particulière comme la Charte des droits et libertés de la personne, ou celle de la langue française (loi 101). En sommes, quelque chose qui fait office de principes constitutifs. La première constatation que l’on peut faire, c’est qu’une charte « québécoise », donc encadrée par le gouvernement du Québec, possède un boulet fondamental à sa mise en place. Soit celui de n’être qu’une province d’un autre pays et, de ce fait, d’être assujettie à une autre constitution. Une constitution qui en l’occurrence promeut d’autres valeurs. Notamment celle du multiculturalisme, qui considère justement qu’il n’existe pas de valeurs communes. Alors, il n’est nul besoin d’être un avocat très chevronné pour comprendre qu’il y aura une bataille juridique plutôt inégale, qui ne risque en rien d’être différent de celle autour de la loi 101 face à la cour fédérale. Finalement, le risque que cette charte soit autre chose que ce que fut le débat sur l’identité nationale en France en 2009, autrement dit un débat de polarisation en vue des prochaines élections, est de mon point de vu certain. Enfin, plusieurs (dont moi) auront plutôt le bon jeu de réitérer que l’identité ne peut être protégée que par une souveraineté politique complète, ce qui n’est actuellement pas le cas présentement au Québec.