Même si le printemps est de retour avec son lot d’habituels marronniers, l’actualité reste toujours aussi déprimante pour tous ceux qui ont déjà la nostalgie du printemps dernier. Outre les shows TV sur la corruption et les singeries de la politique institutionnelle qui m’ont très vite lassé, ce qui me désappointe au plus haut point est cette radicalité et cette impunité de plus en plus officielle des forces de répression au Québec, mais surtout son acceptation passive, pour ne pas dire son appui, de la part de la population. On pourra me répondre de bonne foi que le PQ a quand même mis en place une commission d’enquête sur le « Printemps érable », donc sur les éléments qui ont permis que la situation dégénère et que cela pourrait remettre les choses en place. Mais comme le dit monsieur Journet de La Presse « La commission n'enquêtera pas sur des actions particulières des policiers ou des manifestants », ce qui risque de ne servir qu’à étouffer le problème dans une conclusion four tout, car contrairement à ce que postule Mme Lysinane, dit la farceuse Gagnon dans sa satyre antisocial « Atrocité Montréalaise », il a belle et bien un problème de brutalité policière ou devrais-je dire plutôt un problème d’impunité policière au Québec.
Tous ceux qui ont suivi minimalement les dernières manifestations de Montréal via les sites de journalisme alternatif, comme CUTV et 99% Média, ou les centaines de vidéos qui en sont dérivées, ne peuvent qu’être abasourdis de voir à quel point les policiers font vraiment ce qu’ils veulent. Évidemment, l’on me rétorquera que les manifestants ont la vilaine manie de les provoquer à l’excès et de trop souvent confondre le travail d’exécutant qu’ont les policiers à celui des législateurs et des juristes, ce qui rend leurs positions souvent peu crédible. Cela est vrai certes, mais depuis peu de temps je suis beaucoup moins enclin à accepter ce genre d’arguments, car avec le nouveau règlement municipal P-6 (espèce de loi 78 en plus tordue), les policiers ne sont plus que de simples exécutants, mais maintenant aussi de petits juristes en herbe, car ce règlement leur donne un pouvoir d’interprétation tout à fait aberrant sur ce qu’est une manifestation illégale ou non. Si nous considérons que ce règlement impose, en plus des organisateurs, la responsabilité de la légalité de la manifestation à chaque individu présent sur place, avec le risque inhérent de l’arrestation qui vient avec, pas besoin d’être complotiste pour comprendre que ce nouveau règlement donne le droit de vie ou de mort à toutes manifestations sur le sol Montréalais. Il est donc sans nul doute devenu impossible de manifester en sécurité si celle-ci conteste potentiellement quelque chose que les policiers n’aiment pas, donc à peu près toute forme de dénonciation de l’ordre établi. Il ne leur suffit pour ce faire que d’envoyer leur pote Sylvain dit ”le collabo” masqué ou bien faire semblant que la manif ne suis plus son itinéraire. Et hop ! Tous au cachot ! Avec une prime de départ de 637$ en moins pour bonne conduite (ceux qui ont résisté auront un ticket bien plus salé !). Ce règlement et toutes ses implications antisociales ont été magistralement bien critiqués par François Limoge et en démontre l’incontestable caractère arbitraire. Règlement qui ne respecte pas le moins du monde le droit d’expression et qui serait condamnée sans réserve si il avait lieu dans un des pays dit de « l’axe du mal », et probablement digne d’un « bombardement humanitaire » quelconque.