« L’histoire des peuples qui ont une histoire est, dit-on, l’histoire de la lutte des classes. L’histoire des peuples sans histoire, c’est, dira-t-on avec autant de vérité au moins, l’histoire de leur lutte contre l’Etat. »
Cet ouvrage n’est pas à proprement parler un essai, mais un recueil d’articles écrits par l’anthropologue communiste (tendance anarchiste) Pierre Clastres autour du thème du pouvoir dans le politique – et dont ne seront analysés ici que les éléments abordant cet aspect.
Pour Clastres, seuls deux extrêmes opposés existent : sociétés à Etat, fondées sur les relations de commandement-obéissance, propices donc au pouvoir comme coercition et potentiel d’exploitation, d’une part ; et d’autre part les sociétés sans Etat, où le pouvoir n’est pas coercitif, essentiellement les sociétés archaïques, archaïsme défini comme la présence d’une économie dite de « subsistance » et l’absence d’écriture. Toute société se rangerait à ses yeux dans l’une ou l’autre de ces catégories, sans qu’il existe de modèles intermédiaires.
Grands despotismes archaïques, monarchies, systèmes sociaux contemporains, « que le capitalisme y soit libéral comme en Europe occidentale, ou d’Etat comme ailleurs » sont donc toutes des sociétés « à Etat », par opposition par exemple aux chefferies amérindiennes, où le pouvoir n’est que de prestige, et qui sont « sans Etat ».