samedi 14 avril 2012

Patriotisme, rapports de force… et frais de scolarité

vortigern zifendel, printemps érableIl faudrait vraiment être un ermite vivant dans les bois pour ignorer le conflit qui sévit ces derniers mois entre le gouvernement Charest et cette part significative de la population qui se trouvent à être aux études. Depuis le départ des hostilités, les avis éditoriaux, dans les médias à la botte du pouvoir, pleuvent et nous offrent à volonté le genre d’opinion politiquement conforme aux mauvais sens qu’on leur connaît. Ils auront beau nous rabattre les oreilles avec les divers cas de débordement, les actions dérangeantes plus ou moins efficaces et leur statistique ronflante, il reste que la cause étudiante est très suffisamment soutenue par la population. Pour ma part, je crois qu’une grande partie de ces soi-disant partisans de la hausse, dans les divers sondages qui s’y portent, sont surtout des gens dont l’opinion est issue d’un réflexe de réaction résultant du climat médiatique antisyndical. Climat, causé par un ensemble de paramètres certes, mais dont les centrales syndicales ne sont évidemment pas sans responsabilités. Les vrais prohausses (ces fameux carrés verts), si je puis me permettre, en plus d’être ultra minoritaire, sont surtout soit des inconditionnels de la politique du gouvernement ou bien des élitistes sordides (notamment ceux qui croient cyniquement que la hausse augmentera la valeur de leur diplôme à l’international). Les autres sont donc seulement plus ou moins mal informés des enjeux d’une telle hausse, en plus de ne probablement pas en saisir toute l’illégitimité... ou bien ils n’ont seulement rien à foutre de la question. En somme des gens qui peuvent comprendre, s’ils se donnaient seulement la peine de sortir de leur « je-me-moi », qu’une éducation accessible à tous n’est pas une lubie délirante issue de la pensée magique, mais bien une nécessité pour notre avenir.

Inutile de faire valoir comme argument le fait que les pays où leurs habitants n’ont pas d’accès à l’éducation ne sont pas des exemples de réussite (vous savez, ces républiques de bananes corrompues et sans espoir que l’on plaint à la télé pour vous solliciter de l’argent !?). Malgré tout, vous en trouverai toujours pour vous dire que c’est normal de payer (cher, ils veulent dire), car c’est un investissement qui est rentable à long terme et que de toute façon, il vaut bien faire des sacrifices dans vie ! Évidemment, tout ceci (quoi que très faible en soit pour justifier une hausse de 75 % !) est tout ce qu’il y a de plus vrai pour la personne pensante, mais aussi tout ce qu’il y a de plus limité comme réflexion et comme la question des droits de scolarité est un sujet incontestablement politique, celle-ci doit d’abord être posée dans le cadre du bien commun. Alors quel est ce bien commun qui commande l’accessibilité de l’éducation postsecondaire ? Simplement celui d’un peuple qui par cette voie n’en sera que plus conscient de lui-même, en plus d’être plus critique, politisé, éthique, cultivé, conscient de ses droits et de ses devoirs, sans compter l’épanouissement et l’autonomie personnelle que cela procure. Tout ça et je n’ai encore rien dit des avantages économiques que l’éducation technique et universitaire apportera à notre territoire en pleine désindustrialisation. En sommes, être contre la hausse c’est simplement faire preuve de patriotisme envers son peuple et son pays. L’éducation étant autant un investissement pour l’étudiant que pour la société, celle-ci en devient donc une dépense nécessaire et plus l’investissement sera large mieux ça sera. Évidemment, on me rétorquera que c’est bien beau tout ça, mais là il faut remplir les caisses et les étudiants doivent aussi faire leur part ! C’est tout à fait juste ! Et cela en travaillant fort à l’école et non pas en bossant 40h au salaire minimum pour se payer 1 ou 2 cours par session faute de moyens ou simplement de temps. C’est fou à quel point certains oublient que la plupart des étudiants sont aussi des travailleurs qui payent les mêmes foutus impôts que tout le monde ! Notamment ceux qui financent l’éducation. Alors, cessez donc de nous emmerder avec votre démagogie à deux balles, en accusant de parasitisme gogauche ceux qui préparent l‘avenir du pays. De toute façon, cela ne convaincra personne à l’exception peut-être de certains des plus caverneux droitards et amateurs de radio poubelle qui soit.

À oui ! Il y a aussi les questions relatives aux prêts & bourses comme pseudo moyen de régler le problème. Ce n’est pas une mauvaise idée en soit de vouloir les améliorer, mais disons que ceux-ci ont amplement atteint leur limite dans le cadre actuel des choses. Sans enter dans le détail, je ne crois pas qu’il y ait quoi que ce soit de très saint à demander à de jeunes payeurs d’impôts et de taxes, qui seront les cotisants les plus touchés de demain, à s’endetter à l’excès avant même de commencer leur vie afin de compenser une hausse aussi himalayenne que celle qui sera imposé à la fin de ces cinq ans.  Mais bon, depuis le début des hostilités tout est fait médiatiquement pour que l’on ne voit, dans la mobilisation étudiante, qu’une horde de casseurs gâtés pourris séchant les cours que pour leur bon plaisir, quand se sont surtout des citoyens se sacrifiant pour l’intérêt supérieur de la collectivité présente et futur.

Au-delà de la hausse… la politique réelle
Suis-je un peu trop sévère envers ces pauvres prohausses? Ne doit-il pas d’abord y avoir plus de débats sur le sujet afin de faire valoir les positions de chacun, comme l’a offert si gentiment le gouvernement l’an dernier ? Désolé, mais je ne le crois pas. L’heure n’est plus aux discussions de bassecour, mais au rapport de force. La politique de la rue doit être la règle face à celle de l’inertie. Nous avons trop perdu dans les dernières décennies au petit jeu biaisé de la politique politicienne. Il est maintenant temps que le peuple reprenne réellement le pouvoir pour ne plus laisser, une fois encore, les politiciens nous mentir sur des changements qu’ils n’ont de toute façon plus les moyens d’effectuer par eux même. C’est peut-être triste à entendre pour certains partisans de partis, mais le jeu du rapport de force, immanent au monde réel, est devenu inévitable si nous espérons toujours un avenir pas trop sombre, et ceci pour un horizon bien plus vaste que la simple question des droits de scolarité. Effectivement, la politique et sa nécessaire souveraineté, se sont envolés en d’autres lieux il y a bien longtemps déjà et il est du devoir citoyen de chacun de le comprendre afin de ne pas se perdre dans le chaos anti-intellectuel des médiats qui vous parleront de gestion responsable, quand il s’agit simplement de soumission envers les détenteurs d’un pouvoir beaucoup plus subtil.

Qu’entends-je par soumission ? Bien, j’entends par là que le gouvernement libéral du Québec n’est plus tout à fait dans un créneau maître chez nous, mais plutôt traître chez nous comme la devise inscrite sur le très excellent site Corruption libérale. Il est de notoriété publique que le gouvernement du Québec n’est pas souverain, mais ce que je crois c’est que depuis longtemps plus aucuns paliers de gouvernement ne sont vraiment libres. Du municipal au fédéral, plus personne n’a de réels pouvoirs de changements. La seule chose encore possible, c’est le maintien de la petite gestion quotidienne, malgré qu’il soit encore permis de piger, soi et ses amis, dans la caisse. Un proverbe connu nous dit que l’argent est le nerf de la guerre, un autre encore plus profond nous dit que celui qui contrôle la monnaie contrôle le monde. Eh bien, on peut dire que le Canada s’est débarrassé de sa liberté quand il a embrassé le libre-échange américain et mondial. Ce que je veux dire par là c’est que la libre entreprise est à bien des égards un mal nécessaire, car s’appuyant sur l’extraordinaire volonté de puissance que possède l’homme, mais quand l’entreprise devient trop forte elle se transforme en un monstre incroyablement dangereux qui doit impérativement être mis au pas par le politique. Parallèlement à cela, il ne faut pas oublier que la démocratie n’est pas seulement un espèce de concours de prospects à la gestion du pays, comme chez l’entreprise privée, mais le moyen de légitimer le pouvoir de la souveraineté nécessaire à son exercice. Et cette légitimité doit impérativement passer par la volonté populaire, autrement on parle d’oligarchie. En fait, l’oligarchie est le réel système dans lequel nous vivons, car l’entreprise (comme entité morale) contrôle le politique et possède sa propre souveraineté. Ceux qui sont élus dans les partis dits de gouvernement sont recrutés, formés, modelés et ensuite placés par eux dans ces vieux partis transformés en entreprise de gestion publique. Ensuite, ne reste plus qu’à organiser de grands concours où l’on parlera de bilans, de question secondaire et de couleurs de cravates pour finalement mettre au pouvoir l’un ou l’autre de ces champions qui aura (on le sait) un réel scrupule à ne pas mettre en œuvre les réformes pour lesquelles il a été élu (pensons, pour s’en convaincre, à ce pauvre Barack...). Au final, le bon gestionnaire de pays aura tout le plaisir (ou le malheur) de mettre en place les demandes du conseil d’administration supranational quitte à déplaire ou même trahir le peuple qu’il prétend servir. Dans notre cas, le conseil d’administration à décider que s’en était fini de l’exception québécoise. Il faut remettre le Québec dans le rang. Il fallait bien s’en douter ! Depuis que tout est fabriqué en Chine, nos Wal-Mardes & Co. se sont bien gavés sur les marchés de notre pays à revenu correct. Mais maintenant qu’il tend à s’épuiser à moyen terme par la désindustrialisation et la dette (et sa rigueur avenir), et que celui des chinois est en hausse, va bien falloir faire revenir les usines d’enfants esclaves quelque part. Pour ça, on a besoin d’une main-d'œuvre nombreuse, ignorante et affamée. Comme le tiers monde est trop loin pour permettre une immigration illégale suffisante à la demande, bien il va falloir tiersmondiser le peuple sur place. Ils le savent bien, le Québec était très bon pour ça auparavant, alors pour revenir au bon vieux temps, ils devront commencer par fermer les écoles aux masses des hautes études jusqu’aux basses. Ensuite, ce sera au tour des services publics, (santé, poste, transport, aides sociales, etc.) que le manque d’éducation ne risque pas de nuire à la disparition. De toute façon, la machine est déjà dans son élan. Toutes personnes moindrement attentives à la marche du monde ne peuvent que le reconnaître. 

Voilà un petit résumé des consignes qu’ont Harper et Charest pour les années à venir. Et je ne l’espère pas, mais il serait très mal venu pour notre avenir que celui-ci survienne. Alors, je souhaite non seulement que la grève étudiante perdure, mais aussi qu’elle élargisse pour atteindre un niveau qui pourra nous faire vivre un véritable « printemps Québécois ». Un printemps qui aura comme grande finalité la reconquista du politique contre ce monstre de volonté de puissance qu’est cette oligarchie mondiale au pouvoir chez nous. Alors, sur ces belles paroles, je vous souhaite un printemps érable rempli d’espoir et de combat, car ce printemps qui fleurit doit aussi être le nôtre.

Benedikt Arden

jeudi 12 avril 2012

« Que quelqu’un, quelque part, commence, malgré les risques et les dangers »

souverainisme, patrick bourgeois, rrqQuiconque vous dira qu’un acte de résistance, fut-il le fait de 10 hommes, ces 10 hommes fussent-ils armés de pierres, quiconque vous dira qu’un tel acte était prématuré, ou dangereux, celui-là mérite le mépris et les crachats. Car je vous le dis : un jour, quelque part, il faut bien que quelqu’un commence, et le premier acte de résistance sera toujours prématuré et dangereux.
- James Fintan Lalor, patriote irlandais

« Que quelqu’un, quelque part, commence, malgré le danger et les risques ! »
J’admire et aime profondément ce quelqu’un qui accepte humblement mais courageusement le devoir de résistance en cette terre occupée qui est la nôtre, malgré le faible nombre de ceux qui l’entourent toujours en ces débuts, ce quelqu’un qui, envers et contre tous, parvient à faire sienne cette formule de George Orwell: « sans espoir mais avec détermination. » Ce quelqu’un de chez nous qui combat parce que la lutte est, ici comme ailleurs, légitime et incontournable. Ce quelqu’un qui sait son engagement nécessaire pour qu’un jour, un autre quelqu’un, toujours quelque part mais beaucoup mieux entouré, puisse crier victoire au détriment des exploiteurs et des détruiseurs de monde.
Fallait être un peu fou pour s’engager aux côtés des Iberville, des Montcalm, des Vaudreuil afin de défendre la Nouvelle-France qui comptait seulement quelques dizaines de milliers de personnes contre ces innombrables Anglais du Sud qui toujours tentèrent de réduire à néant notre pays en devenir. Plus d’une fois, parce que nous étions forts et courageux, nous les avons vaincus. George Washington comme les autres. Ayant grandi sous le lys, nous ne voulions aucunement vieillir sous la rose. Ne fallait pas davantage avoir froid aux yeux pour prendre les chemins de St-Denis, St-Charles ou St-Eustache en cet automne de libération des peuples. Bolivar permit à l’Amérique latine de goûter à la liberté. Ici, pour renverser la même tyrannie écoeurante, nous avons suivi Papineau, Nelson et De Lorimier ! Nos patriotes, armés de quelques vieux fusils de chasse tout juste bons à faire perdre des plumes aux outardes qui sillonnaient nos cieux, firent face à la première armée du monde. Avec courage, ils affrontèrent des milliers de salauds qui brûlaient notre pays, tuaient notre bétail pour mieux nous affamer et violaient nos femmes. Nos combattants de la liberté furent contraints à l’exil et pendus par le Régime anglais. « Voilà ce que vous devez attendre du système », nous a confié De Lorimier, avant d’avoir le cou brisé, au bout d’une corde. Nous n'oublierons pas !

« Que quelqu’un, quelque part, commence, malgré les risques et les dangers »…
Ce combat québécois pour la dignité, la justice et la liberté, nous l’avons poursuivi dans les années 1960. Nous avions lu Sartre, Memmi et Fanon. Nous avions compris que, tout comme les Algériens et ces autres Africains dont les pays étaient occupés par de sales colonialistes européens, notre propre pays était la possession illégitime des impérialistes anglo-saxons. Dans les usines et les shops, les porteurs d’eau et les scieurs de bois s’échinaient et permettaient à la company de faire du cash dans un pays volé. Beaucoup de cash. Le chien mordu mordra le temps venu que nous nous disions! Dès lors, on ne pouvait tout simplement plus se contenter de promener dans les rues un bambin frisé sur le dos d’un mouton à la fin du printemps de chaque nouvelle année dépossessive. Nous devions prendre les moyens pour changer notre monde. L’heure de la Révolution, la tranquille comme la turbulente, avait sonné. FLQ, FLQ, FLQ scandaient certains pendant que d’autres construisaient l’État québécois ou dynamitaient les symboles de l’occupation et mettaient en pénitence des ministres, ces minables marionnettes des requins voraces. Pour ces guerriers, comme pour les simples manifestants, les poètes, les artistes, bref, les engagés, la prison, la torture et la répression devaient être le lot quotidien. C’est toujours comme ça que le système tente de briser la résistance.

« Que quelqu’un, quelque part, commence, malgré les risques et les dangers »…
En Mai 80 et en Octobre 95, nous réempruntâmes les routes difficiles de la libération, pour enfin vivre dignement sur cette « terre courage, lit des résurrections ». Nouveau temps des espérances brisées! Sans vergogne, des brigands à cravates souillèrent les urnes, haut symbole de la démocratie dit-on parfois. À cause des tricheurs et des spoliateurs, nos chaînes, nous conservâmes! Mais de quelques-uns que nous étions à nous battre au temps du bélier frondeur, des millions et des millions et des millions nous étions devenus ; comme au temps de la Nouvelle-France, nous faisions à nouveau trembler l’Amérique. Peuple à la force tranquille en marche nous étions redevenus. Et nous pouvions à nouveau rêver à la victoire en méditant les paroles de Che Guevara : ce qui nous rend un peuple plus puissant que les voleurs, les exploiteurs, les colonialistes et les capitalistes, c’est notre amour de la justice et de la liberté ! Alors qu’ils tremblent, ces communs trous-du-cul bien tapis dans les chambres des collines, là où ils s’engraissent à notre détriment, par le truchement des vols et des pillages qu’ils commettent ou autorisent à la petite semaine.

« Que quelqu’un, quelque part, commence, malgré les risques et les dangers »…
Plus nous avancions vers la liberté, et plus le système se devait de redoubler d’ardeur pour nous garder petits, soumis, bien à notre place. Et à ce jeu, il est ingénieux. Il sait ne pouvoir arrêter 8 millions de tuques lorsqu’elles auront pris le mors aux dents et qu’elles renverseront tout sur leur passage. Alors il brainwashe vulgairement, grossièrement, pour mieux endormir les fougues salvatrices des gens d’ici. Aux gémonies sont voués ceux qui osent s’éloigner des sales paroles d’évangile plaidant en faveur de l'aplaventrisme à tous crins ! Jadis l’église, maintenant Gesca et Quebecor cultivent chez le bon peuple le mangez-moi la laine su’l dos siouplaît ! De pain et de jeu, ils nous font croire que nous pouvons vivre, sans réfléchir aux lendemains de la Cité qu’ils contrôlent et vampirisent. Trop d’entre nous les croient. De citoyens, ils deviennent de simples consommateurs niais qu’un rien amuse : Reb bull crashed ice, CH de loosers et amphithéâtre de pacotille. Ça ne peut plus durer comme ça, il faut réveiller, par n’importe quel moyen légitime, ceux qui prêtent encore l’oreille aux sirènes de la soumission. Faut cracher aux visages des vendeux de guidounes d’Occupation double, des shows de mongoles à Stéphane Gendron et surtout faire fi des quolibets des imbéciles qui sévissent du haut de leur montagne de marde radio-poubellienne. Ne plus jamais croire ou craindre ces médias qui déshonorent la profession journalistique et qui sont à la démocratie ce qu’est la matraque à la dictature dirait Chomsky! Faut donner un grand coup dans le nique à poux. Et agir vraiment, concrètement et courageusement afin que nous devenions ce que nous voulons être, c’est-à-dire libres ! Nous le pouvons. Il n’en tient qu’à nous.

« Que quelqu’un, quelque part, commence, malgré les risques et les dangers »…
L’on doit réfléchir également à l’endroit sur terre où nous habitons, accepter nos responsabilités à la face de l'humanité en prenant soin de notre coin de petite planète. Québécois et Amérindiens sont les gardiens d’écosystèmes sauvages figurant parmi les derniers de la terre. Nous n’avons tout simplement pas le droit de laisser des Américains, des Français ou des pseudo communistes made in China, ceux-là même qui mangent des espèces menacées pour mieux s'émoustiller la libido, venir chez nous piller nos richesses et ainsi tout détruire pour une question de profits capitalistes ! On doit également empêcher ces oligarques qui ont mené le monde au bord du gouffre de forer le Saint-Laurent ou Anticosti pour trouver toujours plus de pétrole ou du foutu gaz de schiste. Le thermostat planétaire est déjà au bout, nous faisant cuire comme les dindons de la farce que nous sommes. Il faut dès maintenant renverser la vapeur, combattre les anti-Kyoto de tout acabit et bloquer coûte que coûte le Plan Nord du vendeur de chars usagés qui loge à l'Assemblée nationale.

« Que quelqu’un, quelque part, commence, malgré les risques et les dangers »…
Mars 2012 vit naître le Printemps érable. Notre jeunesse fière et noble prend le taureau par les cornes et saute dans l’arène pour combattre ce système capitaliste qui renie le principe selon lequel l’accès à l’instruction et à l’éducation est un droit fondamental qui ne peut être brimé pour des questions d'argent. Nos jeunes sont dans la rue, l’avenir québécois est dans la rue pour défendre ce grand principe. Et le système l'y combat. Hier, on nous crachait des Speak white à la gueule, aujourd'hui les carrés rouges se font traiter de BS, de paresseux pis d’enfants gâtés. Pourquoi? Parce qu’ils osent défier l'ordre établi, parce qu’ils osent dire non à une vie d’endettement, parce qu’ils dénoncent un système dégueulasse et vomitif qui brise des vies au nom du Capital! Et ça, le système ne peut l'accepter. Il mobilise par conséquent sa police qui arrête malicieusement nos jeunes, les matraque sans aucune retenue, leur garoche par la tête des grenades assourdissantes. Elle veut les faire fuir, les contraindre à la reddition. Mais ils tiennent bon malgré tout, font preuve de beaucoup de courage. C'est qu'ils ont compris que ce combat va plus loin que la simple question d'un accès libre à l'éducation. Il concerne LEUR avenir en terre québécoise et NOTRE avenir en tant que peuple. Le Printemps érable est une nouvelle marche en direction d'un monde meilleur.

Ils sont aujourd’hui ces QUELQU’UN, QUELQUE PART qui se battent malgré les risques et les dangers…
Mais ils ont besoin d'aide. De notre aide pour transformer le Printemps érable en véritable Printemps québécois qui sera une noble révolution parmi les révolutions du monde, celles-là qui font tomber des régimes exploiteurs et redonnent un peu d’espoir à l’humanité. Quand nous nous lèverons tous, reprenant le flambeau des mains des patriotes d’hier pour mieux rejoindre la jeunesse québécoise qui est présentement dans nos rues, la Révolution éclatera vraiment. Le Québec brisera alors ses chaînes, et nous deviendrons un espoir agissant pour tous les peuples qui subissent toujours le joug colonialiste.

Alors, qu’est-ce qu’on attend ? Le monde peut et doit être changé. Il n’en tient qu’à nous, qu’à nous tous !
Vive la Révolution québécoise !

mercredi 4 avril 2012

Le Québec sous haute tension


- Texte sur la crise étudiante devant paraître originellement dans un mensuel français en mars dernier, mais resté non publié jusqu'à maintenant -

Depuis le début de l’année, la colère gronde chez les étudiants du Québec. La récente annonce de l’augmentation des frais de scolarité a engendré des tensions jusqu’à maintenant inégalés entre le gouvernement et les étudiants. Jour après jour, actions de nuisance, manifestations, coup d’éclats et brutalités policière sont devenues quelque chose de monnaie courante dans les médiats de la belle province. Sans compter que tous ces évènements semblent aller en s’aggravant. Mais que s’est-il passé au juste pour que la situation dégénère à ce point ? Revenons sur la situation quelque peu.

Vers la mi-janvier, la plus grande partie des établissements postsecondaires ont voté massivement le début d’une grève générale illimitée afin de faire bloc contre des hausses très significatives des droits de scolarité. Ces hausses colossales étaient depuis longtemps prévues, mais n’ont reçu leur confirmation que depuis le dernier budget du gouvernement québécois, soit il y a un peu plus d’un an. En prévision de cette hausse prochaine, plusieurs initiatives pacifiques ont été mises en place afin de faire savoir au gouvernement que les étudiants n’étaient pas du tout enclins à se laisser faire et qu’ils seraient près à aller jusqu’au bout si de sérieuses négociations n’étaient pas envisagées. Malheureusement, et contrairement à son habitude, le gouvernement Charest resta ferme sur son projet et maintint le cap. Alors, ce qui devait arriver arriva et donc, au début de la session d’hiver 2012 (première étape de la hausse), la grève générale illimitée fut votée dans diverses universités, puis prit de plus en plus d’ampleur jusqu’à atteindre les sommets que nous connaissons d’aujourd’hui.

Cette grève générale n’est certes pas la première dans le monde étudiant du Québec, mais ce qui lui donne une spécificité toute nouvelle c’est que cette fois les deux belligérants semblent plus déterminés que jamais. Cette détermination partagée en est d’autant plus forte que la défaite signifierait (pour chacun des camps) la mort définitive de toutes leurs ambitions. Alors, c’est dans une lutte à mort entre associations étudiantes et gouvernement que risque bien de voir se dérouler ce début d’année difficile pour tout le monde. Début d’année d’autant plus difficile que celui-ci a été l’un des pires en ce qui a trait aux augmentations de toutes natures et cela dans une atmosphère de crise économique mondiale et d’une inquiétude certaine quant à la stabilité du monde. Cela dit, la lutte risque de ne pas être de tout repos pour le gouvernement, car le modèle social québécois, même au-delà des étudiants, reste fort soutenu dans la population et l’activisme de la droite « libertarienne », malgré tous ses efforts, reste fort peu influente hors de ses bastions de la région de Québec. C’est pourquoi l’espoir en la victoire de ce rapport de force reste très marqué chez les étudiants malgré l’énormité de la lutte qui leur reste à faire.

Avant de continuer mon exposé sur les enjeux de cette lutte, et afin d’avoir un regard clair sur l’importance des évènements, il serait important de remettre les évènements dans leur contexte afin d’avoir une perspective historique plus large.

Un petit retour dans le temps
Contrairement à nos voisins anglo-canadiens et étatsuniens, notre mai 68, que nous appelons « Révolution tranquille », fût pour nous bien plus qu’une révolte libertine d’adolescents ingrats, mais une révolution relativement non violente et réelle à saveur patriotique qui occasionna des changements très radicaux dans tout une série de domaine allant de la nationalisation de secteurs énergétiques, et des matières premières, en passant par la laïcisation des institutions et ceci jusqu’à l’universalisation des soins médicaux. Il est à considérer qu’avant la Révolution tranquille, l’exploitation et la domination de la population francophone par les anglophones et le clergé catholique étaient totales, alors l’un des grands mérites de cette révolution fut d’abord la prise du pouvoir politique et économique des Québécois chez eux. L’une des réformes qui suivit cette prise de pouvoir fût la démocratisation de l’enseignement poste secondaire, voulu et précédé par le « Rapport Parent » (1961), qui fut une commission d’enquête fort fertile en son temps. L’un des points essentiels de cette réforme, en plus de la création des polyvalentes et d’une multitude d’autres novations, fut la mis en place d’un nouvel échelon entre le secondaire et l’université appelée CEGEP (collège d'enseignement général et professionnel) et ayant pour but un enseignement technique de niveau ordinairement universitaire. L’ensemble de ces réformes d’éducation était donc aligné sur le principe central de l’accessibilité par des coûts généraux très bas. Évidemment, l’objectif de tout ceci, en plus de contribuer à la justice sociale, était de forger un peuple beaucoup moins manipulable et ayant la force de comprendre les enjeux politiques fondamentaux. Cette vision stratégique de l’éducation était centrale pour ne pas retomber dans la situation de type tiers monde qui prévalait auparavant et avait surtout comme objectif d’avoir un plus grand soutien populaire dans la lutte de libération nationale, si forte en ces temps-là. Malgré l’essoufflement de l’état d’esprit patriotique initial, l’idée d’une éducation démocratisée est restée plutôt populaire dans l’esprit de la population et résista assez bien à la montée de l’idéologie néolibérale dans tout l’occident et des privatisations qui l’ont accompagné dans les années 80-90. Ce n’est que depuis le milieu des années 2000, et encore plus dans le présent cadre de la mondialisation indépassable et de la crise économique (2009-2010), que la ferme volonté d’un changement de cap se fi le plus violement sentir.           

La hausse ?
Mais quelle est l’étendue réelle de cette hausse ? Est-elle si dramatique que cela? Est-ce que les étudiants ne devraient pas se serrer la ceinture comme tout le monde ? La réponse est, comme dans toute chose, une question de dose. Alors, voici quelques chiffres simples afin d’avoir une idée de l’ordre de grandeur de la dose qui prévaut depuis 2007 :

Évolution des hausses officiellement prévues par rapport à 2007
Avant les hausses actuelles
Augmentation par rapport à 2007
2006-2007 : 1668 $
N/A
Avant les nouvelles hausses
2011-2012 : 2168 $
30%
Avec les nouvelles hausses
2012-2013 : 2493$
49%
2013-2014 : 2818 $
69%
2014-2015 : 3143 $
88%
2015-2016 : 3468 $
108%
2016-2017 : 3793 $
127%

Ce que nous pouvons comprendre de ce résumé du plan d’action du gouvernement libéral est d’abord une volonté de dégeler les frais de scolarité (2005, année de la première mobilisation). Cette augmentation fut de 30 % sur cinq ans (50$ par an) et avait pour objectif évident de familiariser l’esprit à l’augmentation par petite dose (si nous la comparons avec celle d’aujourd’hui). Ensuite (phase 2 du programme) ils enclenchent la deuxième vitesse, c'est-à-dire une augmentation de 75% sur les cinq autres années par-dessus la dernière. Et si nous ajoutons à cela les frais afférents non calculés dans le budget de l’État, mais aussi en augmentation, voici une idée de ce que cela donne :

Évolution des hausses évaluées par la FEUQ incluant les frais afférents
Avant les hausses actuelles
Augmentation par rapport à 2007
2006-2007 : 2206 $
N/A
Avant les nouvelles hausses
2011-2012 : 2890 $
31%
Avec les nouvelles hausses
2016-2017 : 4700 $
143%

En somme l’augmentation sera d’un peu moins d’une fois et demie de prix initial pour un étudiant atteignant le niveau doctoral en 2017, ce qui est une sacrée hausse si nous la comparons à n'importe quelle autre dépense du genre essentiel (essence, électricité, impôt, etc.). Tout ceci accompagné, ne l’oublions pas, de l’augmentation fulgurante du coût de la vie que tous nous subissons.

Du côté des prêts & bourses, les ajustements sont prévus, mais n’amélioreront en aucuns cas le sort des étudiants étant donné qu’ils ne font que suivre la hausse. Il est prévu dans le budget que les bourses augmenteront en moyenne de 940 $ par année, mais la partie qui est en prêt (même si elle aussi augmentera en fonction de la hausse) restera un prêt et celui-ci devra tout de même être remboursé, donc payé seulement plus tard. Inutile de rappeler que ceux qui n’ont pas droit aux prêts & bourses, notamment ceux en réorientation (n’oublions pas que l’on doit choisir notre domaine d’étude vers 16 ans, ce qui laisse la porte ouverte aux mauvais choix dus à la méconnaissance de ceux-ci) ainsi que les milles et un autres cas, devront payer la note en intégralité. Dans cette perspective, il est fort à croire que l’atteint des standards inégalitaires du reste du Canada (et ultimement même ceux des États-Unis) pourront être atteints dans un avenir très proche. Les patrons du gouvernement libéral pourront probablement s’en féliciter, si celui-ci tient le coup jusqu’au bout bien sûr.     

La philosophie de la hausse
Comme sous entendus tout au long de mon propos, cette augmentation des frais de scolarité n’est qu’une partie d’un plan beaucoup plus large de société, comme le fut la démocratisation de celle-ci dans les années soixante, et ce plan est à l’image des ambitions de ceux qui ont réellement le pouvoir dans notre société. Je me dois de préciser que contrairement à l’idée reçue, le gouvernement n’est absolument pas libre de faire ce qu’il veut avec son pouvoir. Les garants de l’idéologie libertarienne à cette affirmation pourront me faire remarquer qu’il est probablement tout à fait déplorable que le gouvernement soit à ce point soumis aux pressions populaires, car ne pouvant pas privatiser autant qu’il le croit nécessaire, ce qui serait d’un point de vue républicain est tout à fait convenable. Malheureusement pour nous, c’est plutôt l’inverse qui est vrai. Comme tous ceux qui s’intéressent aux notions de souveraineté politique doivent le savoir, celles-ci sont directement liées au rapport de force existentiel entre pouvoir réel et pouvoir légal. Ce rapport de force est d’autant plus visible que parfois il oblige les gouvernements à faire complètement l’inverse de ce qu’il serait normalement nécessaire de faire dans le cadre d’une gouvernance normale. Le gouvernement actuel du Québec (pouvoir légal) est donc soumis, comme la plupart des États du monde, à la puissance économique (pouvoir réel), qui elle est contrôlée par ceux qui la possèdent. Cette souveraineté des possesseurs de capitaux sur les instances politiques est toujours la meilleure clef de compréhension des actions, à première vue insensées, des gouvernements. Par exemple, pourquoi des gouvernements prétendument libéraux renfloue-t-il des banques spéculatives en faillite, outrepassant ainsi l’un de leurs dogmes de base qu’est la non-intervention de l’État dans le marché (argument de base pour les privatisations et du laisser-aller face à la désindustrialisation) ? Pourquoi ces mêmes gouvernements signent-ils des traités de libre-échange avec des pays qui ont des superstructures économiques incompatibles aux leurs, annihilant ainsi un autre de leur dogme qu’est la supposée concurrence libre et non faussée ? Et en ce qui nous concerne directement, pourquoi le gouvernement provincial du Québec fait-il des choix en matière d’éducation qui sont à l’inverse de ceux que devraient poser les responsables d’un territoire en pleine désindustrialisation comme le nôtre, car nécessitant en principe des cerveaux ? Pourquoi donne-t-il pratiquement nos ressources naturelles (pétrole, gaz de schiste, éolienne, métaux de toutes natures, etc.) à des industrielles sans même en prendre quelques parts, quand il augmente à outrance un peu tout ce qui existe de frais, taxes & impôt sous prétexte de déficit national ? Bien cela est des plus simple, il obéit à ses patrons ! Partons, qui sont les mêmes que ceux des médias, qui donnent dans la situation présente un droit de parole complètement disproportionnée à des étudiants prétendument responsables (se plaignant de perdre leur session) ainsi qu’aux crétins et aux casseurs de vitrines. Sans compter les économistes bidon et ces anarchistes de droite, que sont les libertariens, que nous voyons constamment à la télé ? C’est toujours la même réponse : les intérêts de ceux qui possèdent le capital.

Alors, quelle est la philosophie derrière ces hausses ? L’uniformisation mondiale aux standards chinois voulus plus ou moins intentionnellement. Pourquoi ? Parce que c’est le plus rentable d’un point de vue d’actionnaire (point de départ de la logique mondialiste), même si celui-ci, d’un point de vue macroéconomique, est dévastateur sur lui-même à long terme. Devant une telle vision du monde, le bien commun d’une nation ou d’une province est pour le moins secondaire. Disons qu’elle ne concerne plus que l’esthétique d’une politique, ayant beaucoup plus à voir avec de la gestion (ou gouvernance) de population qu’il faut calmer et travailler à faire accepter la logique du capital comme on lui ferait accepter une mauvaise prévision météo. En plus de cela, rien n’est plus irritant qu’un peuple éduqué qui comprend quand il est berné. C’est bien de là que part l’insurrection. Lorsque l’on sait que le pouvoir ne fait pas ce qu’il doit faire pour aller vers le bien commun, le peuple lui montre la voie de gré ou de force.    

Les milles et une raisons d’une éducation démocratisée
Quoi qu’il fasse inlassablement le rappeler, l’éducation reste l’avenir indépassable d’une nation qui veut avoir un avenir. Qu’il soit complètement gratuit ou à prix modique, notre système éducatif est le point de départ de la constitution d’un peuple sainement patriotique et raisonnable, acceptant de faire des efforts pour la nation lorsque que cela devient nécessaire. Dans un monde, toujours à construire et que l’on souhaite de vertus, il est nécessaire d’avoir un savoir général le plus haut possible. C’est pourquoi il est du devoir des étudiants québécois de combattre, non pas seulement pour eux, mais pour les générations futures afin qu’il puisse jouir d’un système d’éducation de base obligatoire et postsecondaire non seulement accessible, mais de qualité pour tous. Alors lorsqu’ils auront l’occasion d’entendre les commentaires désobligeants de ces prétendus « lucides » ou « responsables » les traitant d’égoïstes, car refusant une augmentation prétendument d’équité, ils auront tout le loisir de leurs répondre qu’au contraire, ils se sacrifient pour eux !  

Benedikt Arden